La folie est-elle si loin ?

Une salle d’arcade, il la regarde sur ses patins à roulette, virevoltant entre les tables de billard, il est comme fasciné par elle pourtant si différente. Simón a 21 ans et vit avec sa mère en Argentine. Un garçon « difficile » mais surtout en difficulté qui trouve en de nouveaux compagnons de véritables amis. Ils sont en marges, handicapés mentaux, mais qu’est-ce qui dans leur unité les rend si différents?

Ce premier long métrage de Federico Luis nous invite donc à la réflexion sur la condition de l’amitié et du handicap mental. Ces questions, au centre du film, semblent néanmoins rester en surface, nous laissant nous accrocher à notre propre interprétation de ce qui distingue le « normal » du « différent ». L’évolution de Simon est alors parfois ardue à saisir et à interpréter, nous restons, comme sa mère, constamment spectateur, perdus au milieux d’une tempête de sable. Un appareil auditif rend le son sourd, lourd, un des rares éléments qui nous permet d’intégrer l’intrigue. Colo (jouée par Kiara Supini) est touchante, attachante et est un des personnage psychologiquement les plus saisissable, elle qui a parfois le rôle de victime semble aussi avoir toutes les cartes en main, si seulement elle pouvait nous les partager.

Un fils difficile à assumer de Vol au dessus d’un nid de coucou, chef-d’œuvre de Miloš Forman, qu’on retrouve nécessairement dans la scène partagée de l’escapade illégale, symbole de liberté et d’émancipation. On retrouve aussi McMurphy dans Simon, jouant avec la barrière sociétale de la folie, ne sachant plus où est sa place. Plus récemment ce film, notamment dans le choix d’acteurs handicapé, résonne avec le succès français Un petit truc en plus, le film argentin étant néanmoins plus vrai, plus lourd et plus intrigant.

Une œuvre qui déstabilise mais qui, peut-être, en étant trop brouillon, ne creuse pas assez la psychologie et ce qui dans notre esprit peut basculer du jour au lendemain, cette violence profonde.

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le 6 févr. 2025

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