Un des meilleurs films sur l’institution carcérale que j’ai vu. On suit un groupe de cinq prisonniers militaires dans une prison britannique en Lybie, un camp de redressement. Ils sont condamnés pour vol, désertion ou refus d’obéir. Un film qu’on peut donc rapprocher de "Vol au-dessus d’un nid de coucou" (Milos Forman, 1975) ou de "Les évadés" (Frank Darabont, 1994). Bien que The Hill (1965) ait été réalisé avant, il n’en est pas moins réfléchi et marquant, s’appuyant sur l’institution totale pour illustrer l’autorité à petite échelle qui se transforme en totalitarisme.
Les personnages, interprétés par des acteurs brillants (Sean Connery, Ossie Davis), illustrent la camaraderie, nous entrainent dans leurs rires mais aussi dans leurs traitrises et leurs faiblesses. Les rapports qu’ils entretiennent avec les agents carcéraux sont nuancés, justes. Les cris, les ordres en continu nous font à notre tour devenir prisonniers, nous enferment avec eux dans cette étroite cellule. Et puis, il y a cette colline, au centre de la prison, punition ultime, symbole de l’autorité militaire, petit à petit remise en question. Les dialogue sont ardant, criant de vérité, mais la place accordée à l’expression des corps des prisonniers est toute aussi importante.
Comment la prison peut détruire les marginaux et comment l’abus d’autorité peut avoir l’effet inverse de celui escompté, ce sont des thèmes qui ne vieillissent pas.
Réalisé cinq ans après Douze hommes en colère, ce film très différent, bien que se déroulant aussi dans un espace restreint, nous montre que sans s’enfermer dans un cadre narratif fermé, Sideny Lumet est capable de chefs-d’œuvre.