... finit par se prendre à son propre jeu. Cela, selon le légèrement improbable scénario de Simon de la montana , film de Federico Luis qu'on nous annonce comme "le nouveau prodige du cinéma argentin". Le métrage se regarde avec curiosité, c'est relativement intéressant, plutôt bien joué, notamment par Lorenzo Ferro dans le rôle éponyme et toute une petite bande d'acteurs handicapés mentaux légers. Ça n'est pas un film divertissant, mais on ne s'ennuie pas non plus. On se demande pourquoi ce jeune homme se noue d'amitié avec ces adolescents qui souffrent d'un handicap mental, plutôt qu'avec des adolescents "normaux" comme lui l'est... ou semble l'être. Pourquoi ? Eh bien, parce que c'est une idée de film, le prétexte à en faire un, à s'interroger sur "la normalité", sur qui est normal et qui ne l'est pas. En cours de film, on se demande évidemment pourquoi Simon se sent plus à l'aise avec des handicapés mentaux légers, au point de vouloir obtenir un certificat de handicap mental pour intégrer leur "communauté", et de finalement faire ce qu'il faut pour l'obtenir. A-t-il un sentiment d'infériorité vis à vis des êtres dits normaux (des adultes, lui qui n'en est pas encore tout à fait un) ? Il faut dire aussi que la frontière reste assez floue entre le handicap mental léger et une personne considérée normale mais dont le Q. I. est assez inférieur à la moyenne. Est-ce un des points que le film veut démontrer ? Quoi qu'il en soit, je résume ce que j'ai compris du film : Simon simule, joue à l'handicapé mental (en faisant ce qu'il faut pour paraître tel) et finit par s'enfermer dans son rôle et par obtenir que la société (via une psychiatre compréhensive) le considère comme tel. On peut y voir, peut-être, de la peur, le refus de s'assumer en tant que jeune adulte responsable qui doit gagner sa vie par ses propres moyens, y voir le choix, en se dévalorisant volontairement, de se mettre à la remorque de la société. Oui, on peut peut-être interpréter le film comme ça.