C'est la suite directe du Frankenstein de 1931 déjà réalisé par James Whale, qui reprend exactement où l'action s'était arrêtée avec l'incendie du moulin ; la Créature a survécu et Whale nous le montre bien par un plan superbe de la tête de cette créature errante et monstrueuse qui surgit dans une pénombre menaçante. Alors que le film de 1931 est plus une tentative originale d'adaptation du roman de Mary Shelley qu'une véritable réussite, la Fiancée de Frankenstein est un pur chef-d'oeuvre.
Ce qui change, c'est que la Créature devient grâce à Karloff et au maquillage du génial Jack Pierce, un être désespéré, victime d'une fatalité inexorable et de l'ambition scientifique des hommes. Le personnage a beaucoup plus de profondeur, il est doté de sentiments humains et ne s'exprime plus que par des grognements, mais commence à prononcer des mots. Ses progrès viennent surtout de sa rencontre avec l'ermite aveugle qui reste d'ailleurs une des plus belles scènes de cinéma ; l'ermite ne pouvant voir la repoussante apparence du monstre, l'accueille comme un ami et lui offre quelques plaisirs simples de la vie (manger, boire, fumer, écouter de la musique). A noter que cette merveilleuse scène sera parodiée de façon drolatique par Mel Brooks dans Frankenstein Junior.
Mais la fatalité rattrape le monstre et il replonge dans sa quête tragique de comion, ce qui permet à James Whale d'insuffler poésie et émotion au sein d'un univers fantastique tout en invitant à une réflexion sur la folie humaine. En réalité, bien que considéré comme un film d'épouvante, le film n'est guère effrayant, Universal tenant à ce qu'il soit pour tous publics. Le format court de 1h15 résulte de nombreuses coupes car le film devait au départ durer 2h ; je crois savoir même si je n'en suis pas sûr, que Universal a fait supprimer justement des scènes trop effrayantes.
Quant à la fiancée en question, elle n'apparait que quelques minutes et ne parle pas, elle est interprétée par la toute jeune Elsa Lanchester qui était à la ville l'épouse de Charles Laughton ; elle incarne aussi Mary Shelley dans le prologue qui introduit l'histoire. C'est l'occasion de rappeler que le monstre n'a pas de nom, mais les titres de films, à commencer par celui-ci, ont crée la confusion dans l'esprit du public qui a souvent cru que le nom de Frankenstein était celui de la Créature, alors que c'est celui de son créateur.