la "philiosophie" d'un comique du futur
De "Jack Baron et l'éternité" à "Bleue comme une orange", Norman Spinrad nous a habitué à jongler entre le sérieux et le drolatique pour nous faire réfléchir avec brio à des sujets aussi critiques et complexes que l'éthique politique, la recherche de l'immortalité ou le réchauffement climatique.
Avec "Il est parmi nous", on sent sa fibre humaniste de plus en plus heurtée par la dégradation de notre monde, d'un point de vue politico-social mais surtout environnemental. Et c'est par le truchement d'un personnage pour le moins énigmatique : un comique qui prétend venir du futur, qu'il a décidé de nous faire er le message de la responsabilité que nous avons, nous, habitants du XXIe siècle, vis-à-vis des générations futures.
Nous sommes loin ici du très hypocrite "développement durable". A travers les discours de ce comique, ce sont les conséquences à moyen terme de notre développement actuel qui apparaissent dans toutes leurs sinistres promesses. Mais le roman joue aussi sur l'ambiguïté de la situation. S'agit-il d'un vrai comique du futur ou bien d'un artiste qui a trouvé un moyen de sortir de la médiocrité des théâtres provinciaux où il se produisait?
Malheureusement, paradoxalement, à force de vouloir multiplier les pistes pour jouer sur le doute, l'auteur nous égare parfois jusqu'à sortir de la "vraisemblance" ou à induire des possibles (notamment via un rat (du futur?) s'emparant de l'esprit d''une femme) qui divergent au-delà du propos que l'on devine.
Sans doute est-ce la faiblesse de ce roman, par ailleurs très attachant notamment à travers le personnage d'un romancier de SF alter-ego de N. Spinrad, que de finir par nous perdre dans des méandres romanesques (890 pages en forma de poche), là où une intrigue plus ramassée aurait probablement été plus forte.