En voici un long-métrage éprouvant qui peut laisser largement dubitatif, à part pour son évidente capacité à oser, dans un style naturaliste qui ne peut laisser indifférent. Le plus grande énigme concerne le personnage principal du premier long-métrage de Federico Luis, à savoir le dénommé Simón, qui surgit de nulle part au début du film et se dirige vers un avenir incertain, à la fin. Le suspense est rapidement éventé quant au "handicap" du susdit mais la raison pour laquelle il fréquente un environnement, qui n'est pas naturellement le sien, reste un mystère à décrypter par le spectateur, selon sa propre sensibilité. La question est vraisemblablement de savoir ce qu'est la normalité mais, à première vue, il n'y a pas de réponse satisfaisante. Le malaise est quasiment continu dans ce récit imprévisible qui déraille parfois dans une certaine hystérie, avant de revenir à une crudité qui nous ramène peu ou prou à notre état de voyeur, quelle que soit son degré de cinéphilie. A chacun donc de faire avec ses sentiments, assez souvent inconfortables. Le film est aussi frustrant par la façon abrupte dont le cinéaste coupe volontairement la plupart des scènes, bien que parfois ce soit pour le meilleur, tant certaines situations sont à deux doigts de devenir sordides. L'unanimité, en revanche, se fera sans contestation possible sur la prestation époustouflante de Lorenzo Ferro, déjà impressionnant, il y a quelques années, dans El ángel.