Ce film porte bien son nom, c'est un véritable électrochoc au pays de la folie psychiatrique, je me souviens avoir vu ce film assez jeune et ça m'avait bien remué les tripes, son constat est effrayant. Partant d'une hypothèse peu commune (l'internement volontaire du journaliste au sein d'un asile), Sam Fuller propose d'abord une véritable enquête, son héros tentant de regrouper indices et témoignages permettant de confondre un assassin. Puis peu à peu, à l'image du héros Johnny Barrett, le film bascule dans un véritable cauchemar, Barrett sombrant dans une folie progressive.
Entouré de patients vraiment très dérangés (un ancien savant atomiste traumatisé par les implications de ses découvertes, un Noir qui se prend pour un membre du Ku-Klux-Klan, un type ayant subi un lavage de cerveau par des Coréens et qui se croit un général sudiste, des obsédés sexuels...), Barrett va à son tour perdre la raison, menacé par ces fous et par des infirmiers qui ne valent souvent pas mieux que leurs malades, le tout dans un concert de cris et d'agitation hystérique dans des scènes qui donnent parfois le frisson.
A travers ces quelques cas pathologiques, Fuller établit un microcosme de la société américaine de l'époque pour une parabole sur les névroses de l'Amérique, c'est un lieu clos où les ions et les haines parfois contenues, peuvent soudain éclater et se déchaîner dangereusement. Fuller précipite son héros (et le spectateur) dans cet univers très inquiétant, dans les abysses de l'esprit humain le plus déglingué, où s'entrecroisent décuplés la haine, le racisme, l'intolérance, la jalousie et les pulsions meurtrières. Assurément un des meilleurs films de Fuller qui signe un voyage aux enfers terrible mais en même temps étrangement fascinant, un film sans vedette mais avec des seconds rôles tous exceptionnels, notamment Peter Breck, Gene Evans, Hari Rhodes ou James Best.