Amis de la poésie, nous vous présentons le commissaire (mais inspecteur dans la VF) Betti, alias Maurizio Merli. Pour son premier rôle dans le poliziottesco, le type envoyait du lourd et créait un archétype marquant. Flic aux méthodes douteuses et redoutables, il tabasse, insulte et flingue du hors-la-loi tout au long du métrage. Vous trouvez Harry expéditif et Bronson un peu brutal ? Eh bien, sachez que ce sont de doux enfants de chœur à côté de ce flic au sang bouillant en guerre contre le système qui, à son sens, protège plus les criminels que les honnêtes gens. Le discours est connu, tout à fait adapté à ces petits polars italiens qui dépeignent des années de plomb terribles. Avec sa moustache iconique, ses grands coups de latte, ses propos à l’emporte-pièce et son sens tout personnel de la justice, Maurizio Merli est à lui seul l’incarnation de tous les excès de ce cinéma d’exploitation italien des années 70.
Le résultat est, il faut en convenir, particulièrement brouillon et foutraque. L’intrigue tient sur un bout de nappe, l’objectif étant plutôt d’aligner les séquences mettant Betti en scène qui règles les affaires à sa manière. Ici un tabassage en règle, là un coup de feu dans le dos (« C’est vrai que j’aurais pu lui tirer dans les jambes » sic) et, enfin, une expédition punitive. D’abord flic puis pièce maîtresse d’un réseau de milice, le grand blond e de l’un à l’autre sans que ses méthodes n’évoluent d’un iota, pour dire la singularité de sa façon de faire. C’est excessivement bourrin mais terriblement enlevé. Le rythme y est trépidant, une longue course-poursuite automobile occupant une dizaine de minutes au beau milieu de l’ensemble, mais le résultat laisse quand même dubitatif. Cette succession de tableaux collée les uns aux autres ne raconte pas grand-chose. Il n’y a pas ici de lien et on comprend vite que seule l’action compte. Par ailleurs, si le score est sympathique, il n'est pas le meilleur des frères De Angelis.
Marqué par l’absence d’un antagoniste marquant, le film tire partout et part dans tous les sens, laissant tomber au fur et à mesure de son récit les figures secondaires pour les remplacer par d’autres. Le personnage de Richard Conte, qui aurait dû être important, est ici mal exploité, notamment. Cela manque clairement de maîtrise et d’enjeu pour vraiment ionner mais l’ensemble se suit facilement. On retrouvera le commissaire Betti dans deux autres aventures et Maurizio Merli dans d’autres rôles absolument identiques. Plusieurs films seront supérieurs mais celui-ci marque une date dans le poliziottesco. Le film fera un carton en Italie et une icône sera née.
5,5