Suite à la mise en chantier de Un Justicier dans la Ville 2 dont le producteur italien du film original Dino De Laurentiis avait cédé les droits à la Canon, ce dernier riposte avec Fighting Back (Philadelphia Security en VF). Ce long métrage met en scène John D’Angelo, un épicier italo-américain formant une association de patrouille citoyenne afin d’enrayer la criminalité qui gangrène son quartier. Pour bâtir ce personnage, les scénaristes Thomas Hedley Jr. et David Zelag Goodman s’inspirent librement du parcours d’Anthony Imperiale, vétéran du Corps des Marines et fondateur en 1697 de l’escouade North Ward First Aid. Cette personnalité trouble, ablement raciste et accusé de vigilantisme, sert ici de matrice à cet aimable homme providentiel issu de la classe moyenne américaine dont l’idéal sécuritaire qu’il porte pour ses concitoyens le conduit vers une forme de radicalité. Fighting Back se révèle dès lors schizophrène. D’un côté, une indulgence face aux actes d’autodéfense commis par le personnage principal, De Laurentiis ayant insisté auprès du réalisateur Lewis Teague pour les présenter sous un angle positif. Nul doute que le producteur voulait par là s’assurer un divertissement populaire dans l’esprit des polars italiens des années de plomb auxquels fait référence l’entraînante musique jazz-pop composée par l’italien Piero Picioni. De l’autre, une lucidité, voire un cynisme, et une conscience des implications politiques, judiciaires et mafieuse des actes de ce redresseur de torts. Incarné à l’écran par un convaincant Tom Skerritt dont le physique tend (volontairement ?) à le confondre avec Charles Bronson (la moustache !), John D’Angelo apparaît ainsi comme un homme sympathique dont le sens moral possède néanmoins sa zone d’ombre – ce que fait ressentir la dernière séquence dans le QG. Une ambiguïté qui fini par constituer la force de Fighting Back.