Oddity
6.5
Oddity

Film de Damian Mc Carthy (2024)

Objets de discorde

La frontière entre thriller et horreur est parfois si ténue qu’il est nécessaire de se réfère aux grandes théories pour déterminer le genre d’un projet.


Film de festival à la portée quasi confidentielle, Oddity, né au pays de la harpe (et de la Guinness), crée dès les premières scènes une belle ambiance, alternant les allers retours entre un manoir isolé, dans lequel Dani semble un peu perdue et un asile psychiatrique peuplé de pensionnaires au comportement inquiétant dirigé à quelques kilomètres de là, par Declan son homme.


Les bases, certes classiques de l'angoisse sont jetées presqu'avec désinvolture, un home sweet home, potentiellement hostile, la folie souvent vecteur de peur au cinéma... La tension prend rapidement forme dans une scène étouffante, lorqu'un homme à la mine patibulaire, fraichement libéré de l'asile frappe à la porte du manoir et conjure Dani de le laisser entrer, il souhaite la sauver d'un homme qu'il a vu entrer dans le manoir.


Oddity séduit, en écartant le spectre d'un énième film de maison/ manoir hanté, lorgne ouvertement vers le thriller, puis imperceptiblement instille le fantastique sous forme d'abord de questionnement, les manifestations surnaturelles sont elles fantasmées par un esprit perturbée ? Celui de Darcy (soeur de Dani), non-voyante ,voyante (enfin médium), persuadée,

que l'ancien patient de Declan n'est pas coupable du meurtre de sa sœur

et bien décidée à le prouver par la psychométrie (l'interrogation des objets à des fins divinatoires).


Certes, le film est foutraque, l'intrigue trop lisible par instant, et le manque de moyen confond l'ensemble en une sorte de série B à l'ancienne, ce qui n'est au fond, pas désagréable, le réalisateur Damian Mc Carty faisant montre d'une belle gestion de l'espace dans ses cadres (toujours élégants), d'une belle habileté dans la conduite du récit.


Un objet captivant, qui renforce encore le sentiment que le cinéma actuel fabrique ses "meilleures soupes" en dehors des grands studios dans ses productions de genre souvent indépendantes et à petit budget.

7
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le 30 janv. 2025

Modifiée

le 30 janv. 2025

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Yoshii

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