Il faut préciser que quand, dix ans après ce film d'esprit marseillais, Pagnol a écrit "L'eau des collines", il a lui-même remis les faits dans l'ordre chronologique et a créé une atmosphère sombre des paysans de Haute Provence plus conforme à la réalité dure de ce monde très dur. Il a aussi prolongé l'histoire par des liens entre le papet (et donc Ugolin) et Jean de Florette (et donc Manon). Berri sera fidèle au roman et l'histoire est assez forte (l'eau vaut plus que de l'or dans ce pays) pour que son film soit un vrai bon drame prenant; il y a peu de personnages et peu de comédie.
Le film de Pagnol (en deux parties) et les deux de Berri sont donc des films complètement différents dont la comparaison est vaine.
Sauf que, pour moi, celui de Pagnol est à voir, à revoir et ré-écouter à cause des scènes de comédie, des dialogues jouissifs (on en découvre ou en re-découvre à chaque nouveau visionnage). Les comédiens sont tous formidables. Le sermon du curé est un moment d'anthologie : 15 mn en plan séquence (ou quasi) et je suis scotché. Le film est une suite de sketchs : le café, le rapport de l'ingénieur, le sermon, le procès de Manon, le procès d'Ugolin, le discours de M Belloiseau.
Celui de Berri est bon mais je ne l'ai vu qu'une fois car Montant et Auteuil forcent un peu leur accent (celui qu'ils ont perdu puisqu'ils sont méridionaux d'origine) et Depardieu, même s'il est acceptable qu'il parle pointu puisqu'il vient d'ailleurs même si c'est d'Aubagne (!), est vraiment difficile à entendre.