Sorti en 1952, Manon des Sources est un film procédural, tout comme de manière moins directe, sa suite Ugolin. On y découvre une jeune bergère, arrêtée et jugée pour une série de « crimes » plutôt cocasses, puisqu'on l'accuse de séduire les hommes et de pratiquer la sorcellerie. Face à des accusations aussi ridicules, l'instituteur du village, qui s'est reconverti en avocat pour le temps d'un après-midi, parviendra à prouver l'innocence de Manon.
Par ce verdict en faveur de la bergère, Marcel Pagnol montre que la justice « moderne » est efficace pour lutter contre les préjugés et vielles superstitions locales. Par contre, cette même justice se révèle bien incapable d'expliquer l'origine des rancoeurs pesant autour de Manon , ni de réparer efficacement le mal que cette dernière a subi. La solution à ce problème sera trouvée dans Ugolin.
Le film est donc au final assez mystérieux, puisqu'il ne fait qu'esquisser les contours des personnages principaux, et ce sans jamais révéler les tenants et aboutissants de l'intrigue.
Pour revenir sur l'aspect procédural du film, il sied parfaitement à Pagnol qui fait défiler à la barre des personnages hauts en couleur, tenant des discours tantôt touchants, tantôt saugrenus. Ainsi, si l'humour est fort présent dans le film, il s'y cache également des zones d'ombre et de drame, exercice de style dans lequel le réalisateur excelle. L'une des scènes les plus poignantes est sans doute la confrontation dans les collines entre Ugolin et Manon, deux personnages aux intentions complètement contradictoires.
On est donc face à un film aux multiples thématiques dont les qualités tiennent beaucoup au charme des dialogues et à l'ambiance provençale.