Après avoir perdu sa famille, Max devient un "road warrior" qui a définitivement perdu toute humanité, il a été complètement vidé et projeté dans un futur encore plus violent où il erre en évitant l'affrontement direct avec les hordes de barbares motorisées qui s'entre-tuent pour de l'essence. Cette vision néfaste et pessimiste d'un futur déglingué et apocalyptique fut si réussie par son aspect choc qu'elle a engendré une vague de films souvent pitoyables, d'origine italienne, qui se voulaient de bien pâles imitations. George Miller avait en effet réussi à créer un monde barbare et violent peuplé d'une férocité sauvage, avec une direction artistique très évocatrice, notamment dans les véhicules délirants et les costumes rétro-punk et post-apo, tels les looks cuir et acier de Wez, de Humungus, ou des babas cool qui détiennent la précieuse citerne.
Voici donc le seul, le vrai, l'unique Mad Max 2 (dont Mad Max Fury Road reprendra le même canevas) qui fut d'ailleurs amputé de 10 mn à sa sortie en en 1982, alors qu'on n'y voyait pas une goutte de sang ! C'est un grand film sauvage qui à l'époque m'avait carrément cloué au fauteuil, comme beaucoup de spectateurs jeunes, on n'avait jamais vu ça ! Le film fut reçu comme un gigantesque coup de poing dans la gueule. Dès l'ouverture avec le gros plan de folie qui e d'un fondu au noir au turbocompresseur de Max, on est dans l'ambiance, c'est une scène très courte de poursuite avec une bande-son amplifiée qui va donner le ton de tout le film. Max va ensuite aider les assiégés d'un Fort Apache du futur, puis se lancer dans une chevauchée fantastique sur un cheval métallique, on est pratiquement dans un western, sauf que là les paysages rouges de désert australien remplacent ceux de Monument Valley.
Les cascades étourdissantes sont inoubliables, surtout dans la grande scène de poursuite du camion Mack par tous les maraudeurs ; la musique omniprésente de Brian May mêlée avec une bande-son constituée de bruits de véhicules, de coups de frein, de moteurs vrombissants, de chocs métalliques... donne un impact extraordinaire à cette longue séquence. Mel Gibson qui était inconnu à l'époque du premier Mad Max en 1979, est ici carrément hissé au sommet grâce à ce personnage d'ange exterminateur, au look cuir destroy et au caractère taciturne, livrant à la mythologie du cinéma un personnage emblématique. Tout ceci a marqué en 1982 et reste vivace dans le souvenir, de même qu'on peut tirer une réflexion de ce film qu'il ne faut pas réduire qu'à des séquences de cascades, car ici la violence des combats laisse en même temps une fragile espérance de survie dans ce monde halluciné. En tout cas, pour moi et pour tous les gens de ma génération, ce film reste un must absolu !