Avant Mad Max, personne ne s'était préoccupé de savoir s'il existait un cinéma australien. Depuis Mad Max, on le sait et on a vu émerger un cinéma non dénué d'intérêt.
Le film a fait parler de lui d'abord par son système social et son environnement : la société australienne est une société anglo-saxonne très proche du mode de vie américain, les décors désertiques ont des particularités, mais ils rappellent les grands espaces sauvages d'Amérique vus dans des westerns, et les cultes sont à peu près les mêmes. La voiture est un des éléments de cette société, d'où l'importance donnée aux véhicules par George Miller dans ce premier film, ils sont par moments les véritables acteurs du drame, telle la Ford Falcon Interceptor de Max qui a marqué le paysage automobile à l'écran.
A partir de ce mode de vie, Miller a proposé un truc simple : prendre un futur proche et y inscrire une histoire éternelle avec un héros éternel, un mythe vêtu de cuir ; au-dela du récit d'aventure futuriste, Mad Max est une oeuvre universelle avec un personnage solitaire, les Japonais l'assimilent à un samouraï, les Norvégiens à un Viking... Mais ce qui a secoué les esprits, c'est la façon dont Miller s'y est pris pour décrire un univers de violence, de cambouis et de dingues du volant ; et ce, dès la scène d'ouverture foldingue (Je suis l'aigle de la route). Pourtant la violence n'est pas montrée de façon explicite, Miller s'en est toujours défendu, c'est une violence suggérée, et à part un plan de 2 secondes, tous les effets violents ont été réalisés au montage.
On oubliait le côté un peu facho de l'intercepteur pour ne voir qu'un feu d'artifice impressionnant de cascades spectaculaires et de soi-disant violence, et d'ailleurs le film eut quelques ennuis avec la censure française qui l'estampilla du label infamant X, puis qui le distribua dans une version tronquée de 6 mn. En attendant, en 1979, ce petit film australien à budget dérisoire et tourné avec une équipe composée pour moitié de débutants, récolta plus de 30 millions de dollars de bénéfices, et reçut le Prix spécial du Jury au Festival d'Avoriaz, en propulsant au sommet Mel Gibson, jeune acteur alors inconnu qui s'était glissé dans la peau de Max ; son interprétation est aussi pour beaucoup dans le succès du film, et pourtant il n'avait pas grand chose à faire, son dialogue ne devait pas déer les 20 lignes, mais il intériorisait tout et marquait surtout par sa présence. Le personnage é à l'écran et accepté, une suite s'imposait, elle sera démentielle. Maintenant, il y en a qui disent que le film a vieilli, je ne sais pas trop, je le vois avec les yeux de quelqu'un qui l'a découvert en 1980, ce fut un choc sans précédent, donc ça fausse sans doute mon jugement, ça reste à débattre...