[SanFelice révise ses classiques, volume 9 : http://senscritique.voiranime.info/liste/San_Felice_revise_ses_classiques/504379 ]
Du premier épisode de la trilogie Mad Max, je ne gardais strictement aucun souvenir. Maintenant, je sais pourquoi.
Ce film est très différent du souvenir que j'avais. Ici, pas vraiment de héros en errance dans un désert de sauvagerie où il doit se battre pour survivre.
Et pourtant, les éléments principaux de la série sont déjà là.
D'abord, l'univers qui semble suivre une apocalypse dont on ne saura rien et qui n'en est que plus intéressante. D'autant plus que Miller sait rendre la chose à la fois discrète et évidente.
Cette apocalypse agit non pas comme une quelconque révélation (selon l'étymologie du mot), mais comme un retour en arrière. L'homme n'a pas dégénéré, il est simplement redevenu cet animal sauvage qui avait à peine disparu sous le mince vernis d'une prétendue civilisation.
Cette sauvagerie est, bien entendu, représentée par la bande de motards beuglants, des brutes, des prédateurs en chasse constante, revenus aux plus bas instincts : violence, instinct grégaire, sexe.
La victoire contre eux, et c'est là le paradoxe, le poison absolu, ne signifie aucunement le retour à la civilisation, mais bien au contraire l'enfoncement d'un degré supplémentaire dans la bestialité. Max n'est pas un héros. C'est un homme qui retourne à l'état sauvage.
Au age, j'ai été assez surpris (et ça explique peut-être en grande partie mon amnésie concernant ce film) de remarquer que Max est un personnage secondaire du film. Au total, on ne le voit même pas la moitié du temps, et il n'est vraiment personnage important de l'histoire que dans la dernière demi-heure.
Non, les véritables personnages principaux, ce sont les motards, cette bande de fous furieux mi-humains mi-animaux, mélanges improbables entre des tueurs de westerns spaghetti et les loubards de l'Equipée Sauvage. La scène où ils pourchassent la femme de Max dans la forêt donne un bon indice de leur régression à l'état bestial.
Autre élément indispensable à la série et présent dès les premières images du film : la mécanique. Mad Max est un film sur des courses-poursuites et des mécaniques gonflées à bloc, des bruits de moteur et les freinages fumeux. Pendant le visionnage, j'imaginais un peu le rêve de gosse de George Miller : faire joujou avec des voitures et des motos. Et ici, il se gave, le Jojo ! Et le plaisir est communicatif.
On sent aussi que Miller balance dans ce film, un peu en vrac il faut l'avouer, les multiples influences qui le bercent, depuis les westerns spaghetti (la poussière, les méchants mal rasés, les duels) jusqu'aux séries B fantastiques des années 50-60, dont le cinéaste reprend la musique tonitruante et les effets volontiers mélodramatiques.
Le résultat est un film certes fort sympathique mais qui tourne un peu court. Le scénario tient sur un timbre poste (et encore, sur la tranche), il y a quelques ages à vide et une impression d'inachevé. Mais plein de bonnes idées, un monde très intéressant et un cinéaste qui s'est fait visiblement plaisir.
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