Libre comme le vent
6.7
Libre comme le vent

Film de Robert Parrish (1958)

Face à face intense entre deux frangins

J'ai vu beaucoup de westerns, comme un tas de cinéphiles qui comme moi ont été biberonnés à "La dernière Séance" de M. Mitchell. Ado, j'étais fan de western, mais il y a très peu de westerns américains que je peux encore regarder aujourd'hui (je n'ai pas le même souci avec les westerns italiens). "Libre comme le Vent" fait partie des exceptions. C'est un western où le psychologique prend le pas sur l'action. L'histoire est centrée sur deux personnages bien dessinés et contrastés, avec deux acteurs solides aux jeux très opposés. Pas de guerre contre les Indiens, pas de saloon avec poker, bagarres et entraîneuses que je ne e plus maintenant. Voilà un western sobre, court, solidement interprété et rempli d'une multitude de seconds rôles savoureux, sans les clichés habituels.

Ce que j'apprécie beaucoup aussi, c'est que le personnage féminin (inévitable dans les westerns américains) n'est pas une jolie potiche. Elle est évidemment trop bien habillée, maquillée et porte une perruque, mais l'actrice n'est pas seulement là pour "faire joli" dans le décor; elle a un vrai personnage à défendre. C'est une femme à la fois forte et lasse de sa vie itinérante et humiliante de chanteuse de saloon. Elle a droit à quelques scènes fortes bien dialoguées où elle ne sert pas de faire-valoir au personnage masculin.

Bien sûr, le film est centré sur les deux acteurs principaux intelligemment choisis pour leurs physiques et leurs jeux très opposés :

Cassavetes, tête brûlée obsédée par les armes, a une dégaine et un jeu modernissimes qui contrastent fortement avec le jeu sobre et raide de Taylor, le grand frère et bandit repenti. Le contraste fonctionne merveilleusement; leur relation fraternelle est tout de suite crédible et touchante. Cassavetes, chien fou à la fois sombre et lumineux, déborde de charisme, mais si ses scènes avec Taylor ont autant de force, c'est grâce au contraste saisissant avec l'aspect raisonnable et austère de son partenaire.

Je n'oublie pas les paysages verdoyants du Colorado, d'une beauté à couper le souffle, splendidement filmés, ni la sublime chanson "Saddle the Wind" qui ouvre et ferme le film avec une mélancolie en parfaite harmonie.

8
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le 28 juil. 2024

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Maîrrresse

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