Tout l’intérêt subversif de drame impliquant un triangle amoureux dans l’Amérique des années 1950 est plombé par une mise en scène médiocre et des dialogues sur-signifiant.
Kansas, début des années 1950. Muriel (Daisy Edgar-Jones) et Lee (Will Poulter) sont amoureux. Surgit alors Julius (Jacob Elordi), le frère de Lee, tout juste revenu de la guerre de Corée. Entre Julius et Muriel, l’attirance est immédiate et réciproque. Qu’importe : Lee demande Muriel en mariage et propose d’émigrer à Los Angeles en compagnie de Julius. Ce dernier décline et part jouer au poker à Las Vegas. Muriel noie son spleen à L.A. dans des paris hippiques… tout en faisant la fortune de son mari.
Raconté ainsi, l’histoire de ces Indomptés (adaptée d’un roman de Shannon Pufahl) ressemble à un soap de fin d’après-midi à la télévision. Le réalisateur Mark Orton n’arrive pas à transcender ce canevas classique de triangle amoureux, livrant un drame romantique fade, lisse et désespérément prévisible. Quel gâchis ! Les Indomptés auraient pu proposer une relecture intéressante et subversive du rêve américain des trente glorieuses. L’histoire se permet finalement une déconstruction assez audacieuse du couple traditionnel et tellement idéalisé dans les Etats-Unis trumpistes. En effet, Julius et Muriel fuient à leur manière les attentes que la société projette sur eux, notamment en explorant chacun une relation homosexuelle.
Pourtant, le metteur en scène s’est entouré une distribution prometteuse. On retrouve Daisy Edgar-Jones, décidément abonnée aux rôles de Kansas girl après Twisters, le visage aussi singulier que familier de Will Poulter et le ténébreux Jacob Elordi, érigé au rang de sex-symbol après avoir vampirisé Saltburn. Malheureusement, leur talent est sacrifié sur l’autel de la lourdeur et de la littéralité. Un générique d’ouverture sursignifiant, un Julius introduit en train de poser langoureusement sur un capot de voiture en plein hiver donne la couleur : tout ici annonce l’absence de finesse. C’est sans compter sur des dialogues archi prévisibles qui explicitent tout ce que ressente les personnages.
Au milieu d’une production assez laide, aux décors souvent vides et cheaps dans lesquels on a l’impression de croiser toujours les mêmes figurants, on se console en imaginant ce que ce récit pré-beatnik aurait pu donner dans les mains d’un véritable auteur… et en découvrant avec stupéfaction que le regretté Patrick Swayze avait un frère sosie, qui joue ici un videur de casino.