Ce drame qui s'étend sur une décennie vaut-il la peine d'être vu ? Les indomptés offre bien plus de profondeur que de simples captures d'écran osées. Le réalisateur Daniel Minahan et le scénariste Bryce Kass adaptent avec brio le roman à succès de Shannon Pufahl. On y découvre non seulement des visuels somptueux et une interaction complexe entre les personnages, mais aussi une romance quasi parfaite. Avec Will Poulter, chouchou des fans, en orbite centrale, un duo de personnages queer (homo) forts et discrets offre une juxtaposition pointue des expériences lesbiennes et gays. Se déroulant dans les années 1950, le film offre un quatuor de performances captivantes dans un petit film compact et émotionnellement puissant.
Le drame de Daniel Minahan est magnifiquement réalisé. La photographie est époustouflante, capturant la mélancolie et la beauté du désir. Entre casinos enfumés, courses hippiques baignées de lumière dorée, chambres de motel éclairées au néon et scènes authentiques d'amour queer, le directeur de la photographie Luc Montpellier trouve de la splendeur dans des lieux surprenants. Les paysages blafards de Californie, les bas-fonds à la fois clinquants et miteux de Las Vegas et les rues poussiéreuses de Tijuana ajoutent de la texture à l'univers du film. Même le dernier plan offre des images mémorables. La scène queer underground est magnifiquement dépeinte : bars d'hôtel secrets, noms murmurés, moments volés dans les chambres. On ne peut qu'imaginer ce que c’était d’exister en tant qu'homosexuel à cette époque, contraint de cacher sa véritable identité sous peine de conséquences terribles. De nos jours, se remémorer la quête de liberté à une époque où la déviation par rapport à la norme était peu envisageable est d'une importance capitale.
Discrètement déchirant mais teinté d'espoir, Les indomptés présente une pièce d'époque rare qui s'engage pleinement dans sa narration queer.