En marge de ses polars parodiques, Georges Lautner réalise aussi des polars plus graves et sérieux, il suffit de se rappeler Le 7ème juré ou Il était une fois un flic, et plus tard Mort d'un pourri ou le Professionnel... Ici, il place Gabin dans une histoire au ton un peu désenchanté où il campe un commissaire au bord de la retraite qui emploie des méthodes radicales voire illégales pour bouffer du truand. Son idée de "Saint-Barthélémy des truands" (qui fait l'objet d'une des meilleures tirades d'Audiard) lui permet de manipuler la pègre, c'est très habile. La morale du film, c'est qu'on ne fait pas de la bonne police avec des enfants de choeur, aussi le Pacha trouve sans doute un écho dans cette assertion. Toujours est-il que c'est pour Gabin un de ces rôles de flic obstiné, carré et sec qu'il affectionnait à cette époque de fin de carrière. Le scénario est assez classique, mais la description déjà assez violente en 1967 du milieu bénéficie d'une participation d'Albert Simonin en personne, auteur mythique de romans comme Touchez pas au grisbi ou le Cave se rebiffe (déjà adaptés pour le cinéma avec déjà Gabin) ; le personnage du commissaire Joss incarné par Gabin débite les répliques audiardesques avec une aisance qui régale toujours l'oreille, et le truand Quinquin joué par un très convaincant André Pousse dans ce type de rôle, est un portrait très réussi de truand odieux, j'adore quand il excelle dans ce genre de personnage. Un bon polar français d'atmosphère, plus cru, qui rompait avec le ton des Séries Noires d'après-guerre, avec en sus l'obsédante musique de Serge Gainsbourg et son "Requiem pour un con".