Adapté du roman éponyme de Michio Takeyama paru en 1948 dans une revue littéraire destinée à un jeune public, cette adaptation de La Harpe de Birmanie s'adresse moins aux enfants qu'à un public général. Le film revêt les formes d'un conte humaniste dans la lignée de ce qu'offrait Kurosawa, sans pour autant se laisser dévorer par le maître.
On suit une compagnie de l'armée japonaise qui chante. Ici, le chant sauve les hommes, on tonne "home sweet home" pour éviter un dernier massacre avec les anglais. La compagnie choisit la détention et le retour au pays ; moment fort lorsqu'on connait la réticence à accepter la reddition apprise à grands coups de propagande nationaliste.
Comme l'explique Diane Arnaud l'humanisme d'Ichikawa est pourtant ambivalent. Tout d'abord, la part chantée et accompagnée à la harpe n'est pas de moindre importance. Les morceaux à jouer sont d'abord codés, au service de la guerre. Petit à petit, la musique e à l'apaisement. On retrouve néanmoins toujours les mêmes barrières, les barbelés qui encerclent les prisonniers.
Du côté de notre joueur de harpe, il assistera à une rédemption ironique, à la façon d'un Jean Valjean : c'est un larcin qui sera l'origine de sa conversion en homme de paix. Il sillonnera alors des paysages aussi beaux que macabres, rappelant, à l'encontre d'un Mishima à la même époque, l'absence de la pureté. Le soleil magnifique qui inonde les forêts sur un plan fait aussi pourrir les cadavres sur un autre.
Si le film est un conte humaniste, c'est un humanisme sombre qu'il met en valeur. Un humanisme de sacrifice et qui peut échouer face au moindre soldat un peu trop entêté.