Michel, boxeur sans talent, devient le secrétaire particulier d'un banquier en fuite. Munis d'une valise remplie de dollars, les deux hommes arpentent les Etats-Unis à la recherche d'une hypothétique retraite pour le vieux PDG menacé d'extradition.
Féru d'Amérique et de cinéma américain, Jean-Pierre Melville promène son excellent duo Belmondo-Vanel sur les terres du western et du film noir comme pour un pèlerinage. car on devine bien, au-delà du sujet, le plaisir de cinéphile que Melville trouve à ce voyage, à ce road movie, au pays du cinéma qu'il aime.
Pour l'essentiel, Melville y explore la relation entre ses deux personnages, entre le vieil homme arrogant et cynique et son subordonné que la fortune qu'ils transportent ne laisse peut-être pas indifférent. Insensiblement, le rapport de force et d'autorité entre les deux se modifie. Vanel, interprétant la déchéance, comme un châtiment mérité, de l'homme de pouvoir, et Belmondo, personnage incertain et ombrageux qui semble ne pas se résigner à la crapulerie qu'il pourrait commettre, composent deux personnages intéressants.
Toutefois, on mesure à son inaboutissement, comme le souligne le dénouement trop vite expédié, que "L'ainé des Ferchaux" n'est pas la plus belle réussite de Melville. L'impression est que le réalisateur n'est pas allé au bout des possibilités de ses deux personnages ni développé entièrement leur fort potentiel. Ce drame -moins un film noir qu'une fuite ou une balade tragique (un sentiment que renforce la musique de Georges Delerue, dont les sonorités rappellent et annoncent "Le mépris- ce drame laisse, non pas des zones d'ombre mais un goût d'inachevé.