Voir le film

Le Mal Aimé… à tort

Les réadaptations cinématographiques ont toujours fait débat, et plus une personne est attachée à une histoire, plus elle devient exigeante quant à son adaptation. Lorsque Spielberg a sorti le film d’animation 3D Le Secret de la Licorne, tiré des BD d’Hergé, le film n’a pas fait l’unanimité. Certains ont critiqué le fait qu’il ait fait un amalgame avec plusieurs tomes, changeant l’histoire originale. S’il avait décidé au contraire de suivre à la lettre le déroulement de la BD, les avis auraient encore une fois été mitigés. Les gens auraient alors dit : « Oui, mais il n’y a aucune différence, on s’ennuie, autant regarder la série animée, à quoi cela sert-il ? », et j’en e.


Les avis divergeront toujours, c’est un fait. En revanche, il faut tenir compte du mot « réadaptation ». Un film réadapté est un livre/BD/roman/pièce qui est transformé en médium cinématographique. La réadaptation laisse le droit à celui qui en fait usage (selon le contrat) de couper des parties de l’œuvre originale, de modifier l’histoire, de la réécrire à sa manière.


Dans ce cas précis, plus qu’une réadaptation, c’est une inspiration du Joker. Nous avons déjà été prévenu dans le 1er opus, Todd Phillips est sorti du déjà-vu pour recréer un autre univers autour du personnage. 

Et entre nous, n’est-ce pas beaucoup plus intéressant ? 

Dans Joker : Folie à Deux, le réalisateur va vers une approche encore plus psychologique. Alors oui, si vous pensiez voir des super-pouvoirs apparaître comme par magie ou une évasion improbable et irréaliste, il faut remettre tout de suite les pendules à l’heure, c’est beaucoup plus intellectuel que ça.


Moi, n’aillant jamais lu de comics, j’ai un œil « vierge » sur l’histoire. Et en tant qu’entité, en tant qu’œuvre cinématographique, c’est une réussite ! 

La fin (pas de panique, je ne la divulgue pas) reste d’ailleurs, à mon sens, sur des questionnements, laissant une fois de plus le spectateur dans sa propre interprétation.


Le choix d’une comédie musicale a été pour le moins surprenant. Mais quelle bonne idée ! Cela permet vraiment de détonner avec le premier, et de ne pas se retrouver avec quelque chose de trop similaire. La magnifique BO, la voix de Lady Gaga, les orchestres live, ce film a tout pour nous enchanter.


J’ai pu lire que certains trouvaient les ages chantés ennuyeux parce que la caméra restait en plan fixe sur les acteurs. Mais partir dans des mouvements de caméra complexes avec des gens qui apparaissent soudainement en chœur juste derrière n’aurait pas de sens dans ces cas précis, puisque le réalisateur souligne l’émotion des personnages par la musique. Donc, pour le dire simplement : si Joker triste, Joker pas danser, et si Joker pas danser, Caméra pas bouger. Ce sont des moments intimes dans les émotions des personnages, alors pourquoi vouloir faire du spectaculaire ? 

D’autres ages du film laissent place comme il le faut à ces moments de joie, de délire ou de folie, arrivant au bon moment et nous faisant vibrer comme on aime.


Les acteurs jouent à merveille. Lady Gaga m’avait déjà épatée par son jeu d’actrice dans A star is born, et ça ne fait que confirmer son talent. Joaquin Phoenix nous a une fois de plus bouleversés par sa grandiose interprétation (sans oublier qu’il a dû à nouveau se forcer à maigrir pour les besoins du film), chapeau bas.


Si vous classez Joker : Folie à Deux dans la catégorie « Marvel/Action », le film sera de toute évidence boudé. Il faut vraiment juger cette œuvre en gardant à l’esprit qu’elle appartient à la catégorie « Comédie Musicale/Drame/Psychologie/Triller ».

Ne vous laissez donc pas influencer par les critiques acerbes. Le public (DC) qui a noté ce film n’est pas forcément le plus adapté pour aborder une version comédie musicale de Joker. Les critiques négatives appellent souvent d’autres critiques négatives, et il est difficile, aujourd’hui, de ne pas se laisser impressionner.

Frank Capra l’a lui-même montré dans ses films : quelque chose ou quelqu’un de bien peut tout de même être détruit en un instant à cause d’un mauvais article.


Alors allez donc voir Joker : Folie à Deux au cinéma et faites-vous votre propre avis !

8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Films à voir durant la période d’Halloween

Créée

le 9 oct. 2024

Critique lue 123 fois

7 j'aime

Fée Rimbaud

Écrit par

Critique lue 123 fois

7

D'autres avis sur Joker - Folie à deux

Lâcheté partout, folie nulle part.

Rentrons tout de suite dans le vif du sujet.Est-ce que vous vous souvenez de ces soulèvements survenus en Amérique latine en 2019 ? Vous savez, ces soulèvements durant lesquels on avait vu des...

le 3 oct. 2024

103 j'aime

218

Etre ou ne pas être... Une suite de Joker

Todd Phillips avait créé la surprise en 2019, en sortant du registre de la comédie adipeuse des Starsky & Hutch et autres Very Bad Trip indigents qui avaient fait sa gloire.En effet, bien peu d'entre...

le 3 oct. 2024

93 j'aime

35

Une purge de folie

Que dire ? D'abord une question... Combien de temps a duré ce pénible moment ? Ressenti ici trois ou quatre heures. Probablement moins en réalité. Revenons à l'objet du crime, car si crime il y a, ce...

le 2 oct. 2024

71 j'aime

19

Du même critique

La magie n’opère pas, Mickey !

Lorsque j’ai découvert Parasite après son triomphe au Festival de Cannes, j’avais trouvé particulièrement remarquable la manière dont Bong Joon-Ho parvenait à instaurer cette atmosphère glaçante qui...

le 6 mars 2025

7 j'aime

2

Le Mal Aimé… à tort

Les réadaptations cinématographiques ont toujours fait débat, et plus une personne est attachée à une histoire, plus elle devient exigeante quant à son adaptation. Lorsque Spielberg a sorti le film...

le 9 oct. 2024

7 j'aime

Crime cinématographique

En observant la face "angélique" de ce film, nous voyons une maîtrise des couleurs, des décors époustouflants, une musique orchestrale tout le long, et des acteurs de renom. Pourtant, je persiste à...

le 12 août 2024

4 j'aime