Chime
6.8
Chime

Moyen-métrage de Kiyoshi Kurosawa (2024)

Mise en bouche

Dans Chime l’essentiel tourne autour d’un espace assez vaste en intérieur où Takuji Matsuoka (Mutsuo Yoshioka) enseigne la cuisine à quelques élèves. Sa spécialité semble être la cuisine française. C’est sur cette base qu’il postule pour un emploi dans un restaurant. Malheureusement, il semble incapable de faire comprendre à ses interlocuteurs, ce qu’il pourrait apporter concrètement à l’établissement où il postule.


Dans l’atelier de Matsuoka, on observe quelques bizarreries.


Ainsi, le jeune Tashiro (Seiichi Kohinata) affiche son manque de motivation assorti à son air d’élève incontrôlable. Il prétend ne venir que pour er le temps et rechigne à appliquer les suggestions de Matsuoka. Avec un gros couteau de cuisine en main - à l’image de celui de l’affiche - on sent d’emblée qu’il faut surveiller le garçon. Son déséquilibre apparait évident lorsqu’il évoque une sonnerie que lui seul entend. Un peu plus tard, Matsuoka se retrouve bizarrement seul dans l’atelier avec une autre jeune élève, Akemi (Hana Amano). Il cherche à lui forcer la main pour qu’elle démembre un poulet, après qu’il lui ait expliqué comment s’y prendre.


Réalisateur et scénariste, Kiyoshi Kurosawa (ne pas confondre avec Akira) instaure une atmosphère inquiétante en jouant sur pas mal d’aspects. Globalement, le rythme est relativement lent, suffisamment pour qu’on perçoive constamment une certaine tension. Celle-ci tourne autour de Matsuoka et monte régulièrement. Le scénario nous réserve plusieurs surprises. Les actions de Matsuoka relèvent de l’enseignant qui connait son métier. Il se montre directif mais sans exagération. Ceci dit, c’est quand même un macho japonais assez typique qui ne voit aucun inconvénient à ce que sa femme évacue d’énormes paquets de cannettes vides pendant qu’il lit tranquillement le journal, opération qui se renouvelle régulièrement, devant leur fils adolescent qui ne trouve rien à y redire.


Le film joue habilement et intelligemment sur les effets sonores et le hors champ pour instiller le doute sur la santé mentale d’une bonne partie des personnages. Pour souligner cette atmosphère d’autant plus angoissante que la violence peut surgir de n’importe où (visiblement elle mijote dans les esprits), les couleurs sont dans l’ensemble assez froides, comme le métal du couteau de cuisine. Avec ce format du moyen métrage, Kiyoshi Kurosawa instaure donc une ambiance avec des personnages quasiment tous plus ou moins inquiétants, tout en nous laissant avec beaucoup d’interrogations, à l’image de ce policier dont l’enquête ne fait que commencer. Du même Kiyoshi Kurosawa, sont annoncés prochainement Cloud et La voie du serpent plus ou moins dans la même veine, ce qui ne veut pas dire qu’ils apporteront les réponses que Chime ne fournit pas. Il s’agit donc avant tout d’un exercice de style.

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