Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ?

(Critique V1.5)

N’ayant pas vu la série Captain America & Bucky, j’ai é à côté de beaucoup de choses. Heureusement que j’avais vu The Incredible Hulk pour comprendre suffisamment le film. Même si par The New Order ou Brave New World (alias Le Meilleur des Mondes de Aldous Huxley), je m’attendais à ce que les méchants comploteurs soient l’Hydra de Le Soldat de l'Hiver, vu que les sous-titres impliquent des dystopies. Mais la surprise de voir qui est le vilain derrière tout ça est plutôt agréable.


Perso, je ne déteste pas Sam Wilson en Captain America vu que ça a été fait dans les comics et que Le Faucon a été un des partenaires de Steve Rogers, c’est donc logique. Mais oui, même lui a des doutes quant à sa place de successeur, aussi du fait qu’il n’a pas eu le sérum du super-soldat et doit reposer sur un équipement à moitié wakandien (la patrie de Panthère Noire) pour se battre. Il se défend cependant bien même sans (c’est un soldat surentrainé comme Steve en même temps). Même Bucky le trouve valide pour être le nouveau Captain.


Après, certains trouvent le film trop « consensuel ». Je dirais pas tellement, sauf pour le dénouement mais j’y reviendrais. Brave New World est aussi loin d’être apolitique cependant (c’est un Marvel en même temps, la société fondée par des minorités pour défendre la démocratie et les minorités, vous vous attendiez à quoi ?) : le traitement de Isaiah Bradley, le premier Captain America afro-américain mis au secret, est un sous-entendu sur le traitement sadique ou ingrat des Afro-Américains par le gouvernement des États-Unis, entre autres.


Et même Thaddeus « Thunderbolt » Ross joué par Harrison Ford, c’est un mélange entre Biden et Trump au final : tantôt vieux grisonnant mou, tantôt homme orange (rouge) colérique XD. Limite reflet de la transition aux États-Unis entre les deux présidents. Le côté "consensuel" est peut-être pour plaire à chacun des électorats qui voit chacun des politiciens comme horrible, vu qu’en plus il oscille entre modération et coup de poing sur la table pour protéger les intérêts de l’Amérique envers et contre tout. Et même sans ça, il lui reste des choses à se reprocher vis-à-vis du vilain :


Il s’agit de Samuel Stern, alias Le Leader, un être ultra-intelligent suite à une exposition à des rayons Gamma (les mêmes qui ont créé Hulk). Il était responsable de la création de l’Abomination dans The Incredible Hulk et mis au secret par Ross qui l’a utilisé pour accéder à la présidence à l’aide de son intelligence supérieure. Le Leader est ici assez vert, laid, le cerveau en forme de tumeur cancéreuse comme dans certains comics Marvel dans les années 80-90.


Le film est donc là pour combler certains trous d’intrigues depuis le deuxième film Hulk et Les Éternels pour rajouter de la tension géopolitique autour des restes du Céleste Rêveur, plein d’un métal rare : l’Adamentium (le même que pour Wolverine). Ce qui expliquerait aussi pourquoi il y a autant de glorification de l’armée américaine ou du pays (et pourquoi la , l’Inde et le Japon restent un poil dépréciés malgré le fait que leur attitude soit due à des malentendus causés par le méchant).


On vire quand même presque à la Troisième Guerre Mondiale à cause des manœuvres du Leader et des maladresses de Ross. À un point où le « meilleur des mondes » semble plus faire référence à la croyance de Pangloss dans Candide ou l’Optimisme de Voltaire. Les lecteurs savent que le même personnage finit vérolé, appauvri et pendu à un point où son disciple Candide dit :

Si c’est cela le meilleur des mondes, que ce sont donc les autres ?

Ross finit par devenir d’ailleurs le très dangereux et colérique Hulk Rouge (super character design au age, on dirait vraiment Ford sous stéroïdes). Il a déjà failli l’être en écoutant les suggestions du Leader (alors qu’il aurait pu juste couper toute communication, bonjour les futurs How It Should Have Ended). Et ne le devient uniquement parce que … les journalistes sont méchants avec lui :p


Et c’est là qu’on arrive au dénouement assez consensuel effectivement : après un combat avec Hulk Rouge (qui provoque un incendie de la Maison Blanche comme en 1812 en ant XD) et avoir failli mourir sous ses coups même avec l’équipement, Sam arrive à le vaincre … avec la parole.


Limite tu peux résumer la scène en « S’teuplaît, calme-toi frérot ». Bon, c’est plus solennel que ça en vrai, mais là où ça devient pas crédible ou vachement irréaliste, c’est que Ross accepte ensuite de démissionner de la présidence des États-Unis et d’aller en prison (le Raft en plus), en "cellule d’isolement" pour éviter de futures poussées de colère destructrices certes.

Mais comme il aurait pu être mis dans une salle moins infamante, je trouve ça exagéré car on dirait pas qu’il est là-dedans à cause de son mauvais traitement de Stern et Bradley ou sa crise, mais pour des raisons moins nobles (comme plaire à un certain électorat réactionnaire qui veut voir Biden en prison), ou au contraire utopistes (voir Trump le mégalo toxique colérique en taule, mais sa démission et une incarcération facile resterait irréalistes et de l’ordre du doux rêve pour le moment).


Bon après, pas grand-chose à critiquer niveau forme. Sam et son coéquipier Falcon (Joaquin Torres ici) ont une bonne dynamique avec Bradley (les jeunes, dont le geek, et le papi), et ils résolvent des enquêtes assez intelligemment avec Sabra (Ruth Bat-Seraph, incarnée par Shira Haas), qui elle-même agit dans la nuance, le tout sans critiquer méchamment le gouvernement américain pas exempt d'erreurs répréhensibles.


Y a que Giancarlo Esposito qui aurait pu avoir un meilleur traitement et costume en tant que Sidewinder de la Société secrète du Serpent (normalement, c’est un téléporteur avec une cape). Idem pour Sabra qui est transformée en "Veuve Noire" de Ross mais sans qu’on reconnaisse son personnage de base facilement.


Après, on pourra effectivement trouver la critique du gouvernement américain ou de sa présidence assez nuancée (ou molle et lunaire selon les points des vues). On est certes plus proche d’un Captain America : Le Soldat de l’Hiver tentant de tempérer entre géopolitique et super-humains, mais pas exempt de défauts comme on peut le voir avec son dénouement pas très crédible donnant lieu à "un meilleur des mondes" plus proche de celui de Candide que de Aldous Huxley.


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Créée

le 16 févr. 2025

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Darevenin

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