Certaines images parviennent quelquefois à nous happer sans crier gare, essaimant notre perception de leur pleine majesté. Point n'est alors besoin de verser dans la surenchère visuelle, ainsi qu'agiraient maintes productions onéreuses par puérilité, ou encore dans ces scènes larmoyantes confondant l'occlusion propre aux rapports humains et l'illusion témoignant de leur esthétisme, cette seconde façonnant cette première à dessein d'y oblitérer le réel jusqu'à ce que tout sentiment croule sous une facticité malséante. De la vie, en somme, ou l'on brode une parure convenable, satisfaisante sans trop de tracas, de teinte univoque, ou l'on tricote une courtepointe abondante, démesurée par sa simplicité, de moire pluriel. Ici seulement reconnaîtrons-nous le génie du cinéaste fictionnel : par sa capacité à s'affranchir du carcan narratif en naturalisant ses situations, en leur induisant un caractère apodictique - mieux, en les dénudant d'un languide geste, amoureux de ce que le monde offre de simple.
Entamant le visionnage avec cette conception à l'esprit, est-il concevable de demeurer impavide face aux prurits affectifs qui transsudent de chaque rire, au malaise social engendré par les délices qu'ourdissent leurs séductions ratiocinantes? Plutôt que de filmer une sempiternelle romance, Lù s'intéresse à l'altérité, mesurée à l'aune du désir. Jamais n'y décèlerez-vous la moindre effusion de malheur ni autres épanchements ridicules ; humour et ténuité s'agencent à merveille au sein d'un micmac d'instants beaux. Et l'on et, en fin de parcours, lors de cette danse lancinante, au pivot des incertitudes : décidément, chérir le banal, c'est honorer l'immense.