Vrai cœur pour cette petite comédie dramatique indépendante tournée dans un joli noir et blanc et surtout terriblement attachante.
Un film où il n'y a pas d'histoire, pas de péripéties, pas de réelles progressions mais plutôt une succession de moments qui se répètent et de complètent pour un quatuor de personnages immédiatement sympathiques. Ce n'est pourtant ni une chronique de quartier, ni un remake déguisé de Four Friends et Zhang Lu (cinéaste sino-coréen) évite également le Hong Sang-soo movie (malgré plusieurs similitudes sur le papier).
L'approche épurée de la narration, la simplicité du jeu des comédiens, leur présence indéniable, la chaleur des moments, la beauté de la photo toute en nuance de gris, la retenue de la réalisation qui privilégie les moments en creux sans jamais verser dans l’aridité mutique de ce type de cinéma d'auteur sont déjà de grandes qualités mais le scénario possède de nombreuses séquences qui semblent régulièrement issue d'un songe comme son titre le suggère. Un songe délicat et suffisamment palpable pour être assimilée à la réalité. D'ailleurs le film s'ouvre sur un reflet déformé. Beaucoup d'éléments tourne sur cette idée : un homme paralysé se met à émettre quelques phrases hors-champ ou se met inexplicablement à dévaler une ruelle en pente dans son fauteuil roulant, l'héroïne est amoureuse d'un homme chimérique, une lesbienne rêve de se plonger dans un lac perdu dans la brume (le lac au sommet du mont Paektu et sacré pour les coréens), un homme annule son projet de tuer des gens au hasard avec une à feu, plusieurs personnages sont binationaux (et l'un est bipolaire), des individus évoqués apparaissent à la fin du récit sans justification, un voyant évite une prédiction funeste...
Bref, il plane un climat curieux, à la lisière de l'absurde voire du fantastique mais jamais surligné ou appuyé. Et les errances des premières minutes deviennent de plus en plus hypnotiques. Le film déploie son rythme, une musique intérieur bourrée de charme et l'on ressort de la séance en se disant qu'on vient de perdre la notion du temps. Le film aurait pu durer le double de temps que ça n'aurait pas été gênant.
A quiet dream est typique de ce genre de film qui ne cesse de se bonifier lorsqu'on y songe après coup. Justement parce on utilise le verbe "songer"