Le noir et blanc est somptueux. Les scènes à New York laissent béats d'iration.
Le parti-pris du noir et blanc pour toute la série produit d'étranges effets. D'abord, on n'imagine pas l 'Italie sans couleurs*, surtout en bord de mer. Ensuite, parce qu'il nous maintient constamment à distance, en dramatisant, bien sûr, mais aussi en nous privant d'identification.
D'ailleurs, aucun des personnages ne suscite l'empathie. On n'est pas ébloui par la beauté de A.Delon et M.Ronet chez René Clément.
Le plus troublant, ce sont les regards- caméra de Ripley qui interpellent le spectateur comme pour le narguer.
Au fil des plans, alors que le noir se grise, que les ciels deviennent plus orageux, se dévoile la noirceur de Ripley, qui ment, jalouse, et convoite tout ce que possède le riche oisif, dans son pigeonnier de luxe donnant sur la plage. Il se met à le singer, à se prendre pour lui, d'où l'ambiguïté de la relation, comme une absorption empoisonnée.
Deux métaphores récurrentes : les escaliers, filmés en forte plongée ou contre-plongée, symbolisant la difficulté de Ripley à se hisser au niveau de Dickie, et la statuaire italienne, (hommage à Rossellini?) observant tous ses actes en juge muet.
Chaque plan est ciselé. La série est originale et excellente.
* une seule tache de couleur à la fin de l'épisode 5