J'aime bien le postulat de la série. A savoir présenter une histoire alternative aux jeux, très proche d'eux, vu que globalement les événements de RE1 à RE5 ont eu lieu - à la différence notable qu'Umbrella a réussi à étouffer suffisament l'affaire pour rester une entreprise de premier plan. On se trouve donc en 2022, avec un Albert Wesker très particulier car scientifique et bon père de famille, travaillant sur le nouveau produit miracle de la firme. Plutôt que de s'attarder sur les vaines polémiques sur sa couleur de peau, notons la série va progressivement nous dévoiler les mystères derrière ce Wesker si différent du soldat amélioré que l'on connaît, mort à la fin de RE5 et pourtant ici bien en vie.
J'aime bien dans l'ensemble la temporalité de 2022. Wesker est un personnage vraiment intéressant à suivre, qui se pose des questions morales tout en étant lui même pas très net, l'ambiguiété qu'il a dans sa relation avec ses filles - qu'il aime sincèrement mais qui lui servent aussi de poches de sang contre le mal mystérieux qui le ronge. Lance Reddick fait une excellente performance d'acteur avec lui.
Umbrella est régulièrement comparé avec humour aux grandes entreprises tech sans âme qui dirigent notre monde (GAFAM) et toute l'intrigue autour du développement de Joy m'a intéressé. En parallèle de ça, on sait parfaitement que tout va finir par partir en vrille, et la série joue de cette connaissance pour faire tourner le spectateur en bourrique - avec son lot de fausses pistes qui ne mènent pas à l'épidémie du T-virus. J'aime le fait que la série nous propose une histoire de famille, Wesker en père trouble, et les deux soeurs jumelles unies.
J'aime moins l'ambiance high school, le personnage ridicule de Simon (même si sa fin est hilarante : enfin quelqu'un qui comprend que quand un proche se fait mordre, on lui met une balle dans la tête sans hésiter), le côté crise d'ados des héroines.
Je n'aurais pas été contre poursuivre l'histoire de 2022 au-delà de cette saison 1, découvrir le rôle prévu pour Ada Wong, fuir Umbrella, laisser l'occasion au très talentueux Lance Reddick d'incarner plus longuement le rôle d'Uncle Bert dans la saison 2, comprendre ce qui aura finallement séparé les deux soeurs.
J'aime le jeu entre les deux lignes temporelles, entre 2022 et le monde sous le joug d'Umbrella en 2036. La différence sur la colorimétrie, cette ville lumineuse de New Racoon City en 2022 face aux déserts poussiéreux de 2036.
J'aime les références sympathiques à l'esprit des jeux. Le jeu de piste dans leur maison de New Racoon City (les mots derrière les tableaux, le morceau de piano, etc), la tronçonneuse et d'autres.
J'aime l'aspect survival des 4 premiers épisodes du futur, son héroine aux faux airs de Tessa Thompson, ses ages délicats (le tunnel, l'antre de la confrérie), le ton comique assumé de ces épisodes, le bestaire simple mais efficace à l'image de cette araignée horrible à souhait.
Je trouve regrettable cette facilité maladive de présenter 2036 comme une apocalypse zombie. On en a soupé dans la saga avec Milla Jovovich, c'est quelque chose qui n'est jamais arrivé dans les jeux, alors pourquoi les adaptations live action finissent toujours par tomber dans ce piège. On pourrait pas juste avoir un Umbrella sur-puissant dans un monde normal ?
Je trouve absolument nul les 3 derniers épisodes pour leur partie 2036. Le ton décalé se perd, ça devient sérieux... Le problème est qu'on pardonne beaucoup moins une série qui essaye d'être sérieuse quand l'intégralité de ses personnages se met à agir comme des imbéciles, que le montage souligne d'autant plus la débilité de ce qui se e à l'écran, et qu'en prime ça vire shonen avec une histoire de soeurs ennemies pas plus intéressante que ça.
Est ce que j'ai aimé cette série RE ? Oui plutôt, mais c'est triste de voir les bons côtés se faire pourrir par certains défauts récurrents des séries Netflix. C'est aussi triste de voir une nouvelle adaptation de la franchise faire un flop, annulée dès sa première saison. Honnêtement l'avenir de la franchise est sombre... En jeux il y a RE4 remake d'halléchant, RE IX même si ça devient de plus en plus compliqué d'envisager des nouveaux jeux sans un reboot scénaristique. Mais pour ce qui est de cinéma ou série, ça sent la traversée du désert après trop d'échecs successifs.