(Critique de la saison 7)
De par ses choix formalistes, l'anthologie où chaque épisode est indépendant et souvent différent de ses cousins dans l'ensemble de thématiques abordées, Black Mirror défie les lois traditionnelles de la notation, puisque par essence chaque saison recèle ses perles ses déceptions.
Pourtant, le show initié depuis quatorze années désormais semble depuis quelques temps, (certains diront depuis son "rachat" par Netflix), à la recherche d'un souffle nouveau capable de relancer une franchise, qui enfermée dans une forme de redondance s'achemine inexorablement vers sa fin (s'éteint peu à peu).
Les plus assidus et donc les plus déçus par deux dernières saisons quelques peu indigentes, soupçonnent même Charlie Broker le showrunner, de se complaire dans une certaine facilité, en se contentant de recycler des idées naguère visionnaires, mais désormais un peu à la traine des développements technologiques au cœur de multiples épisodes. C'est ainsi, dans cette septième saison qu'un long troisième épisode "Hôtel Rêverie" ébauche une réflexion sur l'IA dans le cinéma tout en interrogeant la tendance à "réinventer" les anciens classiques pour les inscrire dans notre époque à grands renforts d'effets voulus transgressifs, mais s'inscrivant dans la tradition conformisme bien-pensante (pesante?) actuelle en vogue, une femme afro substituée à un homme des années 1930 dans le remake trait pour trait d'une romance des années 1930, et surtout ici dans un long pensum déjà désuet et sans direction. Mais ce questionnement a déjà été éprouvé et probablement de meilleure manière ailleurs; et à l'image de cet épisode, le plus imprégné par cette "scorie" Black Mirror atteint souvent dans ces nouveaux épisodes les limites de son concept, de science-fiction d'anticipation qui pour bien fonctionner se doit d'être en avance sur son temps.
Certes, les premières saisons peinaient déjà quelque peu à établir une ligne directrice claire; même si le "gimmick" de l'homme écrasé par la technologie et prisonnier des multinationales détentrices des brevets d'exploitation, s'inscrivait en pointillé du propos ; mais cette saison semble s'égarer plus encore en chemin, cédant même à la facilité de la suite, dans un quatrième épisode inoffensif, suite de Bandersnatch, analyse encore, de la naissance des IA autonomes (avec une projection assez peu originale) ou l'ultime épisode, suite de l' USS Callister de la saison 4 , pure segment de Sf à l'ancienne qui cristallise nombre de retours négatifs, mais qui par son Kitch assumé, sa longueur permettant le développement, peut également être considéré par certains (et c'est mon cas) comme une perle tardive de Sf spatiale en combinaison, à l'image d'un Cosmos 1999 ou plus récemment d'un Battlestar Galactica.
Plus globalement, ce nouveau millésime de Black Mirror se laisse absorber sans ion, mais avec curiosité (les épisodes deux et cinq sont tout à fait dans la lignée de ce qu'a pu produire la série par le é -la performance de Paul Giamatti est sans surprise, mais bienvenue), avec pourtant un premier épisode redoutable de réalisme et dans son analyse des ventes et abonnements viciés mis en place depuis quelques années par les opérateurs (notamment de Streaming) dégradant unilatéralement au fil du temps les prestations pourtant contractuelles en instillant des publicités ou des contraintes nouvelles dont l'utilisateur, lié ne pourra se défaire qu'en optant pour la formule plus couteuse évidemment. La dramaturgie, même si les principaux ressorts sont esquissés dès les quinze premiers minutes, prend des accents tragiques lorsque la vie d'un être humain dépend de ces pratiques et la mécanique narrative développée par ce premier opus est d'une efficacité redoutable, mais fait malheureusement figure de cas isolé dans un ensemble qui effectivement donne à penser que Charlie a peut-être perdu la main.