Il faut reconnaître à Jean-Michel Espitallier la maîtrise de l'hypotypose : ces images violentes, il les décrit si bien qu'elles dérangent les entrailles. Tout ce que l'homme est capable de faire à l'homme est ici détaillé par la voix perturbante d'un narrateur externe qui se fait l'intermédiaire neutre entre les scènes de guerre et le lecteur. Quand ces ekphrasis quasi vomitives sont interrompues brusquement au détour d'une page, vient l'idée d'une pause méritée, aussitôt contredite par l'apparition de témoignages de « tueurs », toujours plus brutaux. La longueur du livre — un livre au principe intéressant, certes, mais trop dérangeant pour que je dée la trentième page — rappelle combien nombreux sont ces gens qui marchent parmi nous. Faut-il être soi-même fou pour aller au bout ?