"Je venais de frapper et d'étrangler un homme dans un tunnel, dans le noir mais ce n'était pas la seule victime. L'autre victime, c'était l'individu civilisé qui était en moi."
Alternant récits factuels et pensées de "tueurs", l'œuvre de Jean-Michel Espitalier se présente comme un réel dénonciateur de ce qui se e "n'importe où". Il n'y a pas besoin d'avoir vécu la guerre pour lire Tueurs, tout est déjà dans le texte. On ne sait plus trop si l'on ressent de la haine envers l'Homme, de la honte ou encore du dégoût. Tout nous traverse. La pudeur du texte et l'insensibilité des soldats appuient d'autant plus sur la violence du récit.
Pourquoi donc l'homme souhaite-t-il tant se différencier de l'animal ? N'est-ce pas seulement parce que, justement, il est doté d'une capacité à détruire sa propre espèce et à "salir" son nom, que nul autre animal ne possède ?
La banalisation de la violence ainsi que les faits inimaginables qui sont décrits dans cette œuvre et "balancés" sur les pages lui confèrent un semblant de ridicule, finalement. Mais c'est justement ce que recherche l'auteur : dénoncer l'absurdité de la guerre ; "La réflexion, laissons cela aux chevaux, ils ont une plus grosse tête."