"Jean de Florette" était une Défaite, favorisée par une fin injuste. "Manon des Sources" est la victoire, la vengeance tout en étant une rédemption. L' Homme pardonné pour ses péchés, la Femme retrouvant un train de vie sans haine. L'histoire est, de nouveau, impeccable et impressionnante. Cette fois, nous n'avons plus de vocabulaire utilisé pour employer des mots ruraux ou bricoleurs. Nous sommes dans le romantisme extrême, en témoigne l'histoire d'amour impossible entre Ugolin et Manon. Ugolin, qui était finalement qu'une marionnette dans le premier, partagé entre ses sentiments humains et financiers, devient ici un personnage pathétique, dont on devient empathique au fur et à mesure. Pagol décrit si bien sa folie qu'il n'y a même pas besoin de voir le film de Berri pour se sentir bouleversé. La cruauté ancestrale du Papet est encore plus enracinée, et il ne se rachète qu'au bout d'une nuit où il s'est laissé mourir, comme si il était mort depuis longtemps, depuis le départ de Florette précisément. Et virevolte la plume de Pagnol, et que chante les cigales, l'extase littéraire reste comme un goût de framboise acide sur la langue. La peinture de l' Homme est complétée, elle est magnifique. Chapeau bas, Monsieur Pagnol.