Critique de Les revenants par LuluCiné
Le titre du livre vous invite au mystère mais ne tombe pas dans les travers faciles d'un roman surnaturel, car il s'agit surtout d'un état sur les campus américains et ce qui s'y cache.
Parmi les critiques négatives on reproche au livre sa prose sortie de nulle part, comme si le langage pouvait être trop stylisé, trop tricoté pour une certaine élite. Pour ma part, bien que je fus surprise par les quelques phrases qui sortent de l'ordinaire, cela ne m'a guère dérangé pour la simple et bonne raison que cette prose ne parsème pas tout le livre. Au contraire je le trouve plutôt limpide et assez facile à lire ; mais pour qui ne s'est pas essayé à des lectures plus ardues il était normal de butter sur ces phrases, mais pas de là à lui trouvé un penchant snob ou précieux.
Certes l'auteur prend son temps pour poser l'ambiance, une université américaine réputée et ancienne où les maisons de fraternités ne manquent pas. On apprend à connaître les protagonistes de l'histoire, tout en sachant que quelque chose les unira.
D'un côté la vie estudiantine et de l'autre celle des profs. En fond d'une histoire d'accident et de fantôme hantant le campus, il y a tout un travail de réflexion sur la mort, incarné par le personnage de Mira professeur d'anthropologie au sein de l'université. Mon enthousiasme pour le livre s'est alors accru, je suivais avec ion ses cours sur la putréfaction, les croyances de nos aïeux ou encore la vision que l'on a de la mort, oubliant parfois que j'étais dans un roman. Il me semble important de souligner ce trait du livre qui m'a littéralement captivé et qui montre quelque chose de plus important que d'écrire une banale histoire de revenant.
On pourrait lui reprocher son volume mais j'ai tant aimé l'ambiance du livre que cela ne m'a pas perturbé. Là où j’émettrai quelques réserves c'est en terme de rythme, si pour beaucoup une lenteur est à déplorer au début, j'ai quelques réticences sur l'accélération de la fin. Habituée au rythme jusque là installé, il m'était difficile de changer de vitesse, et l’enchaînement des différents protagonistes en une sorte de montage alterné (excusez la formule, je suis cinéphile) pouvait facilement me perdre d'un chapitre à l'autre. De plus la fin a quelque chose d'inachevée et l'accélération fait du coup ressentir une sorte d'écriture trop rapide. Je comprend la démarche voulant une explication plus implicite qu'explicite mais j'aurais préféré que l'auteur pose autant sa fin que son début.
Sans dévoiler l'intrigue j'ai adhéré au mystère du bouquin jusqu'à un certain point, l'enquête que le lecteur se fait n'est pas assez poussée dans le roman ; comme si trop fouiller dans l'histoire enlevait un mystère que Laura Kasischke voulait à tout prix conserver. Je ne lui jette pas la pierre pour cela, j'ai dévoré le livre et c'est tout à fait ce que je recherchais, sans compter tout les thèmes sous-jacent qu'il aborde, critique de l'université américaine, d'un idéal de beauté de la jeunesse trop artificiel, et cette approche de la mort : le livre a, sous bien des aspects, de quoi captiver son lecteur.