6 mois après avoir découvert l'univers western de Larry MacMurtry, avec Lonesome Dove et les aventures des iconiques Gus et Call, c'est rapidement qu'on sent revenir le plaisir de lecture. Vite? Au galop même 🐎
Dès les premiers chapitres, on se rappelle au bon souvenir de ce qui fait le talent de l'auteur Américain. J'ai de nouveau été bluffé par sa capacité à poser un décors, des personnages et une action en moins de 10 pages. MacMurtry a ce don rare pour créer une atmosphère si rapidement qu'on se trouve happé sans même s'en rendre compte. Ce n'est qu'en milieu de route qu'on s'arrête pour reprendre sa respiration et se rendre compte qu'on vient d'être embarqué.
En plus de cette facilité à captiver, il excelle dans l'art de construire des dialogues affûtés, acerbes, et souvent teintés d'un humour caustique. Comme peut l'illustrer ce genre de petites répliques qui font mon plaisir :
J'ai développé l'habitude de rester aussi loin que possible des Comanches. Les rares que j'ai vus face à face, je leur ai tiré dessus. D'autres m'ont tiré dessus, et on n'a jamais pris le temps de bavarder.
Cet art du dialogue s'accompagne d'une grande maîtrise dans la construction des personnages qui font foule. Et malgré leur nombre, il n'y a jamais besoin de relire ou de revenir en arrière pour s'y retrouver. Tout est fluide et forme un tout qui se construit naturellement.
Bon, il faut le dire, avant de me lancer dans ce tome je craignais un peu le côté réédit. Mais j'ai vite été rassuré, car même si le style et le ton employés sont toujours bien présents - pour notre plus grand plaisir - le contexte se révèle ici suffisamment différent pour offrir quelque chose de nouveau. Le récit nous plonge dans une époque de conflits entre Rangers, Comanches/Apaches et Mexicains. Le tout construit autour de Gus et Call, tout jeunes et fraîchement amis. C'est d'ailleurs carrément cool de voir leurs tempéraments se forger et leurs natures se révéler. Surtout quand on sait le genre d'hommes qu'il deviendront. A côté de ça, McMurtry n’oublie pas de donner de l’éclat à ses personnages féminins, qui, malgré leur faible représentation, brillent par leur présence et leur caractère.
Sinon, j’ai trouvé ce tome plus violent que les autres, avec un côté bien plus cru, forcément lié au contexte de guerre. Mais cette brutalité est souvent contrebalancée par l'esprit caustique et croustillant qui fait le charme de l'ouvrage, comme en témoigne cette courte citation :
Zeke va devoir garder son chapeau sur la tête cet hiver, à mon avis, dit Bigfoot. Il va faire peur aux femmes, maintenant qu’il est scalpé
Au final, j'ai tout autant adoré ce prequel que les tomes précédents. L'effet de surprise n'est plus là c'est vrai, mais voir grandir ces chers Gus et Call - deux personnages tellement bien construits - dans un contexte historique plus marqué et avec cette plume dont je suis fan, c'était encore un grand plaisir ! Il n'y a plus qu'à attendre 6 autres mois pour me replonger dans ces aventures, à la découverte de Lune Comanche et de notre duo de rangers maintenant aggueris.
NB : quelle fin grandiose 🪽