Tandis que nous faisions des adieux déchirants aux légendaires Rangers de Lonesome Dove dans Les Rues de Laredo, nous les retrouvons ici tout jeunots et presque puceaux dans La Marche du Mort. Nos deux jeunes freluquets, Augustus McCrae et Woodrow Call, s’engagent comme Ranger dans une mission, à priori fastoche, qui consiste à reprendre Santa Fe aux mains des Mexicains, et accessoirement piller leur or. Hélas, ce projet peu humaniste va assez vite partir en sucette et virer au carnage. La faute à une horde sauvage sous-équipée, mal entraînée et piteusement dirigée par un général peu expérimenté.
Autant vous prévenir d’emblée, ça va trancher chérie ! Le roman de Larry McMurtry est une jolie boucherie où chaque décès sure en violence et en cruauté celui qui le précède. On n’est pas loin de l’orgie nihiliste aperçue dans le Méridien de Sang de Cormac McCarthy. Une belle brochette de macchabés qui choque d’autant plus qu’on s’attache rapidement à cette sympathique horde sauvage envoyée en mission suicide. On retrouve au age ce sens aiguisé chez McMurtry pour l’écriture de ses personnages. C’est du Game of Thrones au Far West, sans les dragons et les nains libidineux. Cette « Suicide Squad » va se prendre de plein fouet le courroux d’indiens belliqueux, de mexicains revanchards, et même croiser la route d’un gros ours un peu ronchon. Pas terrible pour une première expérience chez les Rangers.
On découvre ainsi notre mythique duo Gus et Call tout jeune, plein de candeur et de maladresse mais aux caractères déjà bien affirmés. Des héros en apprentissage dont on se régale à suivre chaque mésaventure comme autant de glorieux souvenirs qui forgeront les légendes de l’ouest qu’ils seront bientôt.
Un préquel mené tambour battant et dont l’action frénétique se dévore goulument, comme un gros film d’aventure. Un western pop-corn néanmoins plus fin qu’il n’en a l’air dès lors que l’on se surprend à suivre ces aventures en terrain hostile comme un savoureux petit guide initiatique sur comment survivre à une attaque d’indiens sans perdre son scalpe et ses testicules. Une leçon érigée en règle de vie pour affronter la violence d’un quotidien au boulot où l’ennemi est partout et le danger omniprésent.