Colline est un livre brut.
Comme le parler des habitants de ce mont de rocaille.
Comme la nature qui donne et qui reprend.
Comme les émotions qui se consument, ne disent pas leur nom et ne s'ornent pas d'oriflamme.
Le scénario est intense et le rythme halletant.
L'hommage à la nature est omniprésent.
Mais la caractéristique première du roman est sa forme d'écriture symptomatique des campagnards du hameau.
Ici, tout est congruent :
- le parler et les expressions des protagonistes ;
- les chapitres, courts et nerveux ;
- les événements, rudes et violents tel le flux d'un torrent;
- les alternances instinctives entre la narration de l'auteur et des immersions dans les pensées des protagonistes ;
- les métaphores qui transforment vieillard et jeune fille en éléments naturels.
Giono, comme Gabriel García Márquez, a donc un talent incroyable pour nous faire pénétrer la vie de ce "hameau de fortune".
En moins burlesque et en plus dramatique.
Mais toujours avec un regard bienveillant et un peu mythologique sur son intrigue.