Le miracle cocorico

Clair obscure : Expedition 33 (titre beaucoup trop long qui aurait pu faire une mauvaise pub) est un excellent jeu, un jeu plein de ion, de références assumées, un jeu fait avec le cœur, les tripes mais aussi d'une grande intelligence, d'un sens artistique très inspiré. On dirait vraiment que les étoiles étaient parfaitement aligné pour la création de ce titre qui compte vraiment très peu défauts même si oui, il y en a.

En terme de réalisation, le jeu est magnifique, oui techniquement c'est pas un sans faute mais au niveau de la direction artistique, des couleurs, des effets de lumière, c'est du grand art. Chaque niveau proposé est un véritable tableau, avec des panoramas absolument fous, toujours accompagnés d'une musique encore plus folle, mélancolique, crépusculaire avec des paroles en français, mais quel bonheur et surtout quelle prise de risque. On regrettera cependant une mise en scène pas folle dans l'ensemble surtout que 3/4 des dialogues et cutscenes sont de simples champs contre champs franchement lourdingues à force, qui ternissent la narration

En plus les dialogues sont longuets et un peu niais il faut le reconnaître et l'histoire (ou plutôt l'histoire dans l'histoire) n'est pas très intéressant ou est un parti-pris assez bancal.

En gros tout ceci n'est qu'un "rêve" et je sais pas ça colle pas avec le début, Gustave, l'expédition 33, tout ça sans trop rentrer dans les détails.

En terme de gameplay, là on est vraiment dans tout ce que j'aime. Une dimension tour par tour, un côté action avec un système d'esquives et de parades basés sur la mémorisation de patterns qui peut effectivement fatiguer ou lasser à la longue mais pas d'inquiétude le jeu a un bestiaire suffisamment varié pour vous tenir en haleine sur toute la quête principales et quelques heures d'à côté. Le jeu ne se résume d'ailleurs pas qu'à l'action et réflexe, heureusement. Tout un système d'armes, de compétences et de capacités actives ou ives que vous équiperez sur vos personnages viennent enrichir l'aspect old-school du soft qui est clairement un déclaration d'amour à 30 ans de J-RPG. Le système est très prenant et requiert la meilleure attention de votre part pour ne pas vous sentir larguer à un moment donné et vous mettre en difficulté. Il est par exemple indispensable de créer une équipe en bonnes synergies et utiliser les meilleures compétences et capacités pour chacun des membres sans parler des armes qui ajoutent des stats et des effets divers (en plus des pictos et luminas). Ne vous fiez pas donc à la dimension action des combats car c'est très tactique surtout en mode de difficulté élevé.

5 personnages (enfin 6 plus exactement), cinq systèmes très complets et permissif qui sauront rassasier les affictionados de stratégie qui chercheront toutes les meilleures combinaisons de persos, compétences basées sur les buffs, debuffs etc surtout en fin de jeu et dans les zones optionnelles remplies d'ennemis et boss retords.

D'ailleurs parlons de l'univers et de l'exploration. Le jeu se divise en zones explorables, constituées de couloirs plus ou moins grandes et labyrinthiques. Certaines de ces zones sont bien pensées en terme de Game Design, avec l'utilisation d'ascenseurs ou autres stratagèmes qui rendent la progression intéressantes tandis que d'autres sont d'une pauvreté assez regrettable, ne se rattrapant que sur les magnifiques fonds d'écran contrastés, à l'image du titre du jeu et de sa DA au petits oignons. D'ailleurs certaines zones sont constituées que d'un plan fixe, en référence aux vieux rpg mais aussi à la peinture, thème central du jeu. On notera à ce sujet que la technique n'est pas non plus au top même si le jeu est très beau, certaines textures semblant tout droit sorti d'un jeu fin PS3 début PS4.

Ces zones sont reliée par une Carte-monde, processus très connu des joueurs de JRPG de la vieille génération. La map est très joli, assez vaste, nécessitera d'apprendre plusieurs capacités avec son "véhicule" personnalisé pour en faire le tour, comme voler ou nager. Les combats sur la map ou dans les stages ne sont pas générés aléatoirement, mais plus comme dans un Persona où ils apparaissent à l'écran et vous pouvez ou non les affronter, sachant qu'ils vous foncent dessus. C'est une manière de moderniser la formule somme toute classique, tout en permettant le Speed-Running. Malin.

Nous avons donc à faire à un jeu à la fois old-school et moderne, stratégique mais ultra-dynamique, une formule assez unique dans le JV et qui fera date. Car n'ayons pas peur de le dire, Clair Obscur : Expedition 33 est une petite révolution dans le paysage vidéoludique moderne, il fait parti de ces titres marquants dont on se souviendra encore j'espère dans les 10-20 prochaines années. Il n'innove pas grand chose en effet mais parvient à se servir brillamment de sa longue liste de références, les jeux From software, Nier, Persona, Mario RPG, FF7, FF8, FF9, FF10, Lost Odyssey, sans parler d'autres média comme le manga "Attaque des titans", "City Hall" et tout l'univers Steampunk pour créer une formule rafraichissante, innovante, bref, une manière unique de concevoir le JRPG, (pourra-t-on parler de FRPG ?) En tout cas il faut le crier sur tout les toits, Clair Obscur est l'un des jeux les plus marquants de ces 10 dernières années et sur la génération PS5 sans invoquer le chauvinisme de certains ou la mauvaise foi des autres. C'est un jeu qui fait consensus, l'unanimité. Le jeu est beau, riche, innovant tout en s'inspirant de chefs d’œuvre du é, il se construit son identité propre, et il faut aussi parler de la BO qui le fait clairement er dans une autre catégorie.

La BO est la plus belle BO depuis longtemps, depuis Nier ou Persona 5. Composée de musiques orchestrale, chantée par des chœurs, par une merveilleuse chanteuse, et ce en plusieurs langues dont plusieurs pistes sont en français, il fallait oser. Les thèmes sont parfois graves, mélancoliques, tragiques, romantiques, sombre ou lumineux, sans pour autant oublier la loufoqueries de certains thèmes qui sont là pour souligner certains personnages ou lieux étranges mais également l'epiqueness de certains ages. Du 20/20 très clairement.

En bref, même si le jeu est imparfait, notamment dans sa technique ou son scénario, voire même si on chipote, son système de compétences qui a été littéralement craqué par les joueurs les plus aguerris, il brille, que dis-je il rayonne dans tous les domaines. C'est un Persona (notamment dans son système de relation sociale et un peu romance), qui aurait fusionné avec un Mario et Luigi et un jeu From Software, avec la petite touche décalée, loufoque d'un Nier, mais conservant une âme et transmettant sa ion du média.

Son système remet sur le devant de la scène le tour par tour, la stratégie, tout en lui donnant un nouveau souffle d'action basé sur les réflexes et l'anticipation. C'est un jeu unique, une formule unique car même si je citais plus haut Persona, FF ou Nier, on n'est pas dans un copié-collé de ces incontournables, loin de là. Plus digeste et libre que Persona, plus permissif qu'un Souls Like, plus riche et complet que Nier, plus profond qu'un Mario et Luigi, on n'a pas finit d'entendre parler de cette formule qui va sans doute en inspirer plus d'un. J'espère à ce propos et pour nuancer que les japonais garderont ce bon vieux système de tour par tour à l'ancienne, sans QTE ou Parades, bref de la stratégie pure qui a encore toute sa place dans le JV moderne et qui n'est clairement pas mort. On citera tous les jeux Atlus, Pokémon, Octopath Travelers et autres remake 2,5D, Like a Dragon qui sont la preuve vivante que ce genre n'est pas ringard et qu'il a encore son public. Ne l'oublions pas et surtout ne nous enfermons pas dans un système qui a le potentiel de perdurer dans le temps et de malheureusement finir par contaminer tout le reste.

Toujours est-il que Clair Obscur : Expedition 33 C'est du 17/20 bien mérité, un jeu coup de cœur

qu'il faut absolument faire une fois dans sa vie si vous aimez le JRPG et les histoires qui sortent du lot.

Spoil : Parlons de la fin. Qu'en avez-vous pensé ? Cette histoire de monde dans un monde, de peintres, d'écrivains...Cette histoire de deuil insurmontable. Je ne suis généralement pas fan de ce genre de Twist dans les histoires du genre, tout est un rêve, mais là c'est bien plus complexe. Les personnages existent, ils ont une vie, lorsqu'ils sont effacés, ils sont pleins de regrets mais aussi d'espoir dans l'avenir. La mauvaise fin de Maelle m'a clairement rendu mal à l'aise et préféré que Verso triomphe. On ne peut pas se réfugier toute sa vie dans un monde merveilleux qui nous rend heureux. Cela questionne aussi le statut de joueur ou de consommateur de fiction dans un monde qui s'isole de plus en plus qui génère de plus en plus de fiction et qui refuse de prendre ses responsabilités. Cependant et malgré ce très beau message de fin, je reste quand même un peu critique devant cette intrigue qui s'est trop vite enfermée dans l'histoire du deuil de la famille Dessendre au détriment de tous le reste, à commencer par Lune, Sciel, qui ne peuvent exister pleinement dans cette ligne scénaristique, de même pour Monoco dont l'intrigue se résumera au deuil de son petit compagnon. Et je ne parle pas de Gustave et Sophie avec lesquels on a pleuré et qui sont balayé d'un revers de la main par cette histoire focus sur Verso , Maelle, Aline et Renoir.

C'est pour cela que si DLC il y a, il faut traiter la période de la fracture, l'expédition 00, Cléa, Simon, ainsi que développer un peu cette fameuse histoire de guerre ouverte entre les peintres et les écrivains dans le "vrai monde".