Zion, c’est la Guadeloupe à nu, sous tension, entre rage et tendresse, entre tambour et béton ...

🔴Pour le lecteur pressé, en moins de 3 minutes : https://youtu.be/ZEH2kOvsfec

👉 Et s'abonner à cette chaîne Youtube où je publie régulièrement ces articles, pour n'en rater aucun ! ? 🔴

Pas de vernis ici, pas d’effet de manche : Zion, c’est la Guadeloupe à nu, sous tension, entre rage et tendresse, entre tambour et béton. Un jeune garçon, à la croisée des chemins, se voit aspiré par un monde où loyauté rime avec survie. Ça pourrait être une tragédie antique si les scooters ne remplaçaient pas les chars, si les gangs n’étaient pas des familles de substitution, et si le soleil ne cognait pas aussi fort.

Zion, c’est aussi d’abord un choc : celui d’un monde qui tangue entre la violence sourde du quotidien et la quête insaisissable de lumière. Chris, jeune homme en équilibre précaire entre la tentation du chaos et l’appel d’un ailleurs possible, navigue à vue dans un quartier qui l’étouffe autant qu’il le façonne. Quand l’amour s’en mêle, sous les traits de la lumineuse Lika, le chemin se resserre, et les choix deviennent des jugements.

Nelson Foix frappe fort avec ce premier long-métrage qui ne cherche pas à séduire, mais à inscrire dans la rétine. Son cinéma est nerveux, habité, entre documentaire et pulsation intime. Il capte l’urgence sans jamais trahir la sensibilité de ses personnages. Sa mise en scène, brute mais jamais brouillonne, épouse les corps, les silences, les regards. Il a le flair d’un cinéaste qui comprend son époque mais refuse d’en être le perroquet.

Sloan Decombes incarne Chris avec une densité rare. Chaque geste est habité, chaque hésitation pèse. À ses côtés, Axelle Delisle est un révélateur : elle donne à Lika une grâce combative, à la fois ancrée et insaisissable. Zebrist, en Odell, impose une présence magnétique — l’ambiguïté de son personnage donne au récit une tension permanente. Philippe Calodat (Joe), Dominique Saint-Eloi (Tidog) et Lucile Kancel (Lucie) complètent une distribution d’une justesse remarquable.

Zion ne cherche pas la morale, il cherche la vérité. Et dans cet entêtement à ne pas simplifier le réel, réside toute sa force. Un film coup de poing, mais jamais gratuit. Un film qui laisse des traces.