Vu il y a douze ans et en gardant un souvenir intense, cette redécouverte n'a sans doute pas été tout à fait à la hauteur de mes attentes. Un peu long, moins de scènes d'action que je ne pensais... La puissance émotionnelle espérée n'y est pas tout à fait. Cela écrit, Roger Spottiswoode signe ici probablement son meilleur film : que ce soit par son sujet très original et pour le moins audacieux à l'époque, sa dimension politique très critique vis-à-vis des États-Unis, beaucoup de choses intéressantes sont à observer, donnant au propos un aspect très « romanesque réaliste » intéressant, accentué par l'écriture intéressante faite des personnages : je pense notamment à l'impeccable trio Nick Nolte - Joanna Cassidy - Gene Hackman, formant presque une sorte de « triangle amoureux inconscient » pour le moins inhabituel, toujours traité avec recul et intelligence.
Action plus discrète que prévu, donc, mais intense une fois en marche, la saisissante et désormais mythique musique de Jerry Goldsmith (sans doute plus connue que le film lui-même) ajoutant à la bonne impression générale, faisant également la part belle aux seconds rôles, notamment René Enríquez et Jean-Louis Trintignant, le second incarnant avec complexité une certaine idée de l'ingérence US vis-à-vis des pays sud-américains, apportant une noirceur supplémentaire à un scénario déjà assez dense. À défaut de retrouver l'engouement du premier visionnage, « Under Fire » reste une œuvre encore aujourd'hui trop méconnue, sans doute imparfaite, mais marquante.