Un film de Denys de la Patellière sorti en 1961 devenu un incontournable et inusable de la télé : programmé au moins une fois par an si pas plus (j'exagère peut-être un peu) …
C'est un film qui trompe son monde.
En effet, c'est un road-movie dans le désert nord-africain dans les environs d'El Alamein et de Tobrouk. Sauf que les quatre militaires français (à pied) (je fais court) s'égarent et finissent par s'emparer d'un halftrack allemand avec le capitaine et continuent l'aventure à cinq.
C'est aussi un film comique entrainé par une musique (Garvarentz) qui est une variation du Gloria de la messe de Noel "les anges dans nos campagnes" sur différents rythmes plutôt gais. En plus, aux dialogues, Michel Audiard nous fait de bons mots, de bonnes réflexions frappées au coin du bon sens.
"Dans le désert, tu trouves un macchabée égorgé que tu ne peux pas identifier : on lui fouille les poches. Quand on trouve un ouvre-boîte, c'est un British, et quand c'est un tire-bouchon, c'est un Français"
Ou encore le sage
"À mon avis dans la guerre, il n'y a qu'une seule chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est tout ce qui se e avant."
Sauf que ce n'est pas un road-movie car il n'y a pas vraiment de route et que le groupe de (joyeux) drilles ne sait pas trop où il va.
Sauf, surtout, que ce n'est pas du tout comique mais plutôt tragique.
En bref, c'est un film qui ne parle guère que d'une chose mais en parle bien : l'absurdité de la guerre. Car le défilé de la victoire, sur les cinq, il n'y en aura guère qu'un qui pourra en profiter. Et encore, il se fait traiter de "saligaud" !
Et pour finir sur ce registre, j'aime bien la pertinence de la réflexion de l'un des français à l'idée de laisser libre l'allemand avec qui ils ont souffert et sympathisé.
"Renvoyer un gars dans ses foyers, ce serait pas idiot, mais le renvoyer en face pour qu'on continue à se taper sur la gueule, tu trouves ça génial ?"
Le casting est d'exception car mêle différents acteurs très différents constituant un bel échantillon de l'humanité, capable de s'entendre.
Lino Ventura, sous-off français, boxeur dans le civil, aboyeur dans l'armée, spécimen néandertalien pour certains
Charles Aznavour, médecin dans le civil, juif, s'est enfui et engagé dans les FFL ; physiquement, il n'en impose pas mais en termes de personnalité, il parvient à faire fléchir la brute Ventura.
Maurice Biraud, l'homme qui raisonne et philosophe
"Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche"
Hardy Krueger, pur aryen de Poméranie, officier prussien donc. Il perd de sa rigidité jusqu'à éprouver du respect voire de l'amitié.
"Nous, en , les prisonniers on les flingue pas.
Forcément, on n'en a pas tellement, hein..."
En définitive, j'ai oublié un qualificatif pour ce film : pédagogique
"C'est toi qui avais raison. À la guerre, on devrait toujours tuer les gens avant de les connaître."