Adapté du roman de René Havard par l'écrivain lui-même, Un taxi pour Tobrouk aura remporté le Grand Prix du cinéma français en 1961, ainsi qu'un franc succès dans nos salles, devenant un véritable petit classique du cinéma frenchy.
Ce qui est amplement mérité pour ma part, tant le film de Denys de la Patellière témoigne d'un cinéma dont on a du mal aujourd'hui à retrouver la recette, à la fois populaire, contestataire et indéniablement cinématographique. Tourné dans un superbe scope en noir et blanc apte à magnifier les paysages d'Espagne (en lieu et place du désert africain refusé par les producteurs pour cause d'assurance), Un taxi pour Tobrouk déroule une intrigue certes classique mais dont le ton et l'atmosphère changent tout.
Par le biais des excellents dialogues signés Michel Audiard, Un taxi pour Tobrouk pose un regard amer et critique sur la guerre et ses absurdités, imprégné à chaque instant d'un mélange d'humour et de tragédie parfaitement dosé. La fine équipe composée de Lino Ventura, Charles Aznavour, Hardy Krüger, Maurice Biraud et German Cobos, constitue également un des points forts du film.
Road-movie tragi-comique annonçant l'air de rien des oeuvres sarcastiques comme MASH ou De l'or pour les braves, Un taxi pour Tobrouk compense aisément quelques longueurs par la beauté de ses images, par la qualité de ses dialogues et de son interprétation.