Ce film, alliant joie de vivre et dimension psychologique des êtres, montre merveilleusement la complexité des relations entre trois personnages.
D'abord, Juliette âgée d'une vingtaine d'années, et sa mère, Patricia restée célibataire depuis longtemps, ont une relation très ambiguë. Juliette, en quête d'indépendance mais ne pouvant se détacher de sa mère ayant maintenu une emprise forte sur elle, se retrouve en porte à faux : elle veut le bonheur de sa mère mais n'est-pas au détriment de sa propre vie ? Elle se retrouve à apprécier ces vacances avec sa mère et Sylvain qu'elles ont rencontré par hasard, mais est-ce par défaut ? Le film montre successivement des scènes d'extrême intimité entre les deux femmes et des scènes de rébellion de la fille contre sa mère, démontrant que la bonne distance est difficile à trouver entre une mère et sa fille qui souffrent vraisemblablement d'une relation trop fusionnelle. Juliette ne peut se construire facilement face à sa mère qui occupe une place très importante en société, qui cherche à attirer l'attention de manière perpétuelle...Mais bien qu'occupant une place prépondérante, Patricia n'est pas pour autant établie dans sa vie : elle ne peut pas se fixer avec un homme volage mais ne peut pas non plus accepter l'amour de Sylvain, certes maladroit mais bien authentique. Juliette est désemparée face à cette situation, qu'elle trouve grotesque. L'amour sincère vaut bien plus à ces yeux que la superficialité des relations de sa mère ! Alors, dans un désir d'opposition à sa mère, elle décide de débuter une relation sincère avec un homme aimant : Sylvain. Mais peut-on désirer dans le but à la fois d'une opposition aux principes et d'une réalisation des fantasmes de sa mère (car Patricia montrait qu'elle avait du désir réel pour Sylvain...) ? Le film laisse les choses en suspens...
Ensuite, Un monde sans femmes décrit l'histoire de Sylvain, homme timide et sincère, qui est très maladroit dans ses relations. Prêt à tout accepter pour faire plaisir aux autres, il s'oublie lui-même et n'est que comique par la succession de ses maladresses avec Patricia et Juliette. Son manque de confiance en lui est flagrant et tout autant touchant...Il montre à plusieurs reprises le besoin d'être rassuré, conseillé : rassuré sur son physique, sa tenue vestimentaire, sur les actes à adopter dans la vie. A tout vouloir concilier et surtout à douter, il se retrouve mis de côté. Doit-on lire qu'un homme ne s'aimant pas assez lui-même ne pourrait donc pas se faire aimer comme il se doit ? L'attitude de remise en question, de scepticisme envers soi-même, même associée au plus grand dévouement pour l'autre, ne serait-elle donc pas aimable ? Peut-être pas pour une femme comme Patricia qui aspire elle-même à être rassurée.