Quand on y pense, un film de braquage, ça peut facilement faire illusion : une mise en scène nerveuse, une bonne musique pour maintenir la pulsation, quelques twists, des personnages torturés, on saupoudre de femmes, de balles, de macchabées, et le tour est joué.
Le cahier des charges est appliqué ici à la lettre, et il suffit de brandir la référence ***Heat*** pour exciter les radars. Même Le masque et la plume, sur lequel je suis tombé un peu par hasard la semaine dernière, défendait le bouzin, et comme certains avaient au préalable affirmé de bien belles choses sur ***Midnight Special***, je me suis laissé convaincre.
Il faut bien reconnaitre que **John Hillcoat** n’est pas le dernier des tâcherons, et qu’il maitrise souvent son sujet, notamment dans le braquage d’ouverture, et particulièrement dans ses suites : le marquage des billets au fumigène rouge à l’intérieur de la voiture est efficace, ainsi que la fusillade qui s’en suit.
La convergence des récits vers un double enjeu (provoquer la mort d’un flic, le fameux code 999, pour détourner l’attention du braquage) comporte aussi son petit lot de tension, et le montage parallèle avec ses diverses complications est plutôt habile. Reconnaissons qu’on ne sait pas trop où on va, ce qui dans un thriller peut s’avérer une bonne chose.
Mais pour en arriver là, il aura fallu souper d’un bouillon dispensable. Galerie de personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres, au premier rang duquel trône Woody Harrelson (« j’ai un accent patate chaude, je récupère des spliffs dans les poubelles mais je suis un daron de flic »), suivi de près par **Aaron Paul** (« je suis torturé, j’ai les yeux rouges, je me shoote et je gère pas la mauvaiseté humaine, oui oui, je faisais déjà ça dans Breaking Bad ») et d’une kyrielle de guys qu’ont des balls, face à la mafia judéorusse, et aux gangs latinos.
Histoire de justifier qu’on se mouille jusqu’aux couilldes dans ces braquos plus que foireux, ajoutons un gamin, une parraine qui ferait flipper Eva Braun (**Kate Winslet**, maquillée comme la voix de **Renaud** dans son dernier single), et des enjeux tragiques tu vois : si tu veux voir ton fils, tout ça.
Les ripoux, la ville la nuit, les bombes, les parkings, les cagoules, les sirènes, tout le folklore est bien convoqué. S’en plaindre serait un peu malhonnête dans la mesure où c’est ce qu’on était venu chercher. Mais de là à y voir une réussite imparable dans le genre, il y a aussi long à parcourir que du coffre-fort à la rue un jour de forte affluence.