Du grand cinéma "sans avoir l'air d'y toucher"...

Mon Dieu, ce que cette affiche ( http://images.fan-de-cinema.com/affiches/large/e6/38182.jpg ) est en décalage avec ce qu'est réellement ce film, on pourrait se croire dans une de ces comédies de braquage qu'affectionnent tant nos amis britanniques. Heureusement que celle retenue pour la ressortie en salles l'an dernier était autrement plus représentative du contenu.

Voilà, je continue à me replonger dans l'univers de l'un de mes réalisateurs favoris, Jerzy Skolimowski, et je dois dire que l'âge (ou serait-ce plutôt dû au mien) a particulièrement bonifié ce "Travail au noir". En réalité, je pense que j'avais vu ce film trop jeune, ou plus exactement trop neuf.

Sous des dehors très légers se cache un film très riche, une réflexion politique et sociale cruelle et profondément pessimiste. Un peu comme si Ken Loach prenait le parti d'en rire.

Skolimovski, à qui l'on reproche parfois la recherche de l'esthétisant à tout prix, prouve une nouvelle fois ici tout son talent et son intelligence. Les grands réalisateurs sont aussi ceux qui sont capables de donner par instants du modeste, allant jusqu'à réfréner leur goût de la forme au profit du fond. Attention, il ne faut pas s'y tromper, la réalisation est là, bien là même, mais jamais ostentatoire, comme si le message qu'il voulait nous faire er était urgent, comme s'il voulait cette fois être autant écouté que regardé.

Et il y a Irons, qui aura rarement été aussi bon depuis, magnifiquement dirigé, incarnant un personnage complexe, évoluant dans cette société cruelle, un personnage sur qui un réalisateur lambda aurait porté un regard manichéen.

En résumé, du grand cinéma "sans avoir l'air d'y toucher"...

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