3ème Festival Sens Critique, 6/16
A l’occasion d’un voyage en train couchette, une micro société se cristallise pour une nuit. Le prêtre, la nymphomane infidèle, et le couple de protagonistes, forcé de cohabiter dans la même cabine. Ce qui semblait le prétexte à un pur échange de screwball est toutefois é par le tamis d’une ambiance plus nouvelle vague : jazzy, un peu désenchanté, chacun porte ses souvenirs et ses remords que la fuite sur les rails ne parvient pas à occulter. L’ancien amant surgit par la fenêtre, le crime qu’on croyait réservé à une page du journal investit aussi les lieux.
Kawalerowicz fait montre d’un vrai talent pour filmer la promiscuité : les travellings arrière dans les couloirs bondés, le troublant érotisme du confinement de la cabine fonctionnent bien. Le semblant de polar qui s’invite tente de dynamiser un peu l’ensemble, qui reconnaissons le manque un peu de rythme, et la belle séquence où l’on quitte le train arrêté en pleine campagne pour lyncher le coupable a de belles colorations cathartiques.
Un film intéressant, portrait d’une société en troupeau, partagée entre son désir d’aller de l’avant ( le motif du train, et la thématique de la libération sexuelle) et ses racines, incarnés par l’Eglise, mais aussi les souvenirs de Buchenwald ou la stabilité conjugale qui attend au terminus. Celle-ci vient autant réconcilier le protagoniste avec son réel que dynamiter le potentiel romanesque du voyage, et c’est cet entre-deux qui fait le charme de ce film.
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