This is England par Akami
Amertume. Pas seulement celle du film, de ce mouvement qui dévie pour sombrer dans le nationalisme, pas seulement l'amertume de cette atmosphère glauque de l'Angleterre sous Thatcher. L'amertume ressentie réside dans l'impression qu'on a frôlé un grand film pour aboutir sur une œuvre plus convenue, peut-être plus moralement acceptable.
Fallait-il que chacun ait l'excuse des frustrations personnelles pour se diriger vers le fascisme ? Si l'on aborde parfois les thèmes sensibles de l'époque – non révolue, en témoigne le regard caméra du petit Shaun, à l'adresse évidente du spectateur contemporain - le film paraît parfois plus superficiel et l'on peut être moins convaincu par les motivations des protagonistes qui, s'ils devaient être synecdoque des diverses mouvances skins, finissent par représenter presque exclusivement les lésés du système. Ils n'incarnent plus monsieur tout le monde. Ce sont des frustrés en mal de reconnaissance.
Si les personnages n'en sont pas moins crédibles, nous ne sommes plus dans la fresque de la dérive skin et l'on est en droit de se demander si – alors que le film met en garde contre la haine généralisée – il est judicieux de généraliser à partir de ces cas particuliers.
Reste que l'ensemble est juste, porté par d'excellents acteurs, et laisse difficilement indifférent. Le propos méritait d'être approfondi.