Souvenez-vous, c'était il y a 1 an, lorsque Guillaume Canet chouinait dans les micros de RTL, nous menaçait, nous, les gueux, si nous n'allions pas voir son dernier chef-d'oeuvre (Astérix machin-bidule)
"Si vous n'allez pas voir mon dernier chef-d'oeuvre (bruit de nez qui renifle), c'en est fini de Astérix ! Il n'y aura plus de Astérix au cinéma, c'est bien simple (bruit de nez qui renifle avec de la morve dedans)... ce sera même... (roulement de tambour)... la FIN DU CINEMA FRANCAIS !!"
Bon, je ne vous cache pas que ça m'a fait autant d'effet qu'un enfant de 9 ans qui me fait un chantage foireux pour obtenir une glace italienne, mais après une (très) courte réflexion, je me suis dit "Et bah qu'il crève (le cinéma français, hein !?), qu'est ce que j'en ai à branler ?"
Et je suis bien content qu'au final, il ne soit pas mort comme nous l'avait prédit Guillaume Canet car du coup, on a put aller voir The Substance; Et The Substance, c'est une BOMBE ! Un putain de chef-d'oeuvre instantané (j'ose le dire !)... par contre, le film de Canet, on avait la finale...
D'après ce que j'ai lu çà et là, le film divise, à l'image du "Mother !" d'Aronovsky. D'un côté, on a la team qui repartait de la salle en civière ou vomissait son plat de lasagnes du midi sur la rangée de devant (ils n'ont pas beaucoup aimé le film), et puis il y a la team qui a pris un pied pas possible (on ne compte pas les deux-trois pisse-froids de la salle qui prenaient des notes sur leur calepin pour leur critique "Ouais, bof, peut mieux faire" sur Sens Critique).
Bon, au moins ça laisse pas indifférent.
Alors, après cette courte introduction, ça parle de quoi The substance (no spoil) ?
Gabriel Fronçard, architecte parisien, dont le mariage avec Juliette, écrivain-e de romans policiers, bat un peu de l'aile. La belle Juliette (incarnée par Julie Depardieu) est tombée amoureuse de son agent artistique : Paul Badinaud. C'est la dernière chance pour Gabriel : il décide, pour raviver la flamme de leurs folles années de couple, de l'emmener chez les bouseux, dans leur pavillon sur les côtes vendéennes, pour un week-end totalement dépaysant.
Je rigole. Pas du tout.
On a Demi Moore (magistrale!), ancienne star d'Hollywood, qui se voit désormais animer une émission d'aérobic, sa gloire d'autrefois ée, sa fraîcheur fanée (elle reste magnifique...c'est Demi Moore, merde !). Elle va en arriver à s'injecter une mystérieuse substance pour espérer retrouver beauté d'antan. Evidemment, rien ne va bien se er.
On est sur un produit tellement pas français, autant dans son fond que sa forme, que si je n'avais pas vu "Coralie Fargeat" écrit en gros, jamais je n'aurais pu soupçonné la véritable origine de cet OVNI.
Un film féministe ?
Je ne sais pas.
Alors, oui, tous les personnages masculins ici, sont hideux, dégoutants, grotesques. Mais leur caricature à l'extrême sert la vision cauchemardesque du métrage et contraste avec nos deux magnifiques protagonistes féminines, qui jouent, ou ont su jouer, de leurs atouts physiques, certes exploités par des hommes, pour en tirer nombre d'avantages, mais on ne leur a pas mis de couteau sous la gorge : "Mon corps, mon choix". Pour moi, le film met autant en lumière la beauferie toute masculine, que l'égocentrisme féminin.
En ant, un autre Big up à la bande-annonce qui ne dévoile rien du film, ni même l'intensité de l'horreur du métrage (et du coup, oui, certains ont été surpris... et on se retrouve avec des quiches de lasagnes sur les rangées de fauteuils)
Le propos du film m'a presque terrifié davantage que sa forme. La peur du rejet social, le vieillissement inéluctable du corps (qui n'est pas uniquement qu'une préoccupation féminine, est-il besoin de le rappeler ?), la jeune génération jetant l'ancienne, sans aucune forme de pitié.
C'est cruel et sans concessions. Le film te prend par le colback et ne te lâche pas. Les deux heures et quelques semblent durer deux fois moins. Ensuite, il reste dans ta tête. Dès le lendemain, tu veux le revoir. C'est LE putain de film 2024 !
Je suis impatient de voir ce que nous réserve Fargeat dans ses prochains films (je ne dirais ni Madame, ni Mademoiselle, je veux pas d'ennuis).
Bravo Madame ! Et merci de redorer un peu l'image ternie du cinéma français.