Bon, malgré un « Birdman » qui m’avait laissé comme une serre de rapace à travers la gorge, je voulais voir ce film, non pas par curiosité face à un tel tapage médiatique, moins encore pour ces 12 nominations à l’Oscar (ce qui est très loin d’être un gage d’excellence, sauf à de rares exceptions !), tout simplement pour voir Léonardo Di Caprio dans une nouvelle performance d’acteur. Et oui… on ne se refait pas !
Bon alors… que dire de cette histoire de ce dur à cuire au pays des bras cassés (voir des Pieds nickelés, pour qui la référence parle encore) ? Le premier constat est la longueur. En soit ce n’est pas un problème, encore faut-il que cela se justifie. Iñárritu que j’ai découvert fort agréablement avec 21 grammes, et qui m’avait séduit tout autant avec Babel, souffre quand même à mon avis d’un sérieux problème de complexe de supériorité (où l’inverse c’est plus probable). Il ne se contente plus seulement d’une narration différentiée ou d’une mise en scène innovante, il travaille désormais dans la démesure (« Birdman » en était déjà un triste exemple). Ses films apparaissent techniquement orgiaques, au point de donner la nausée par moment. Pire encore, il semble s’être dépossédé de toute personnalité, puisant allégrement chez ses collègues quelques scènes fortes. Un pti coup de Malick (onirisme spirituel lévitant)… un autre d’Aronofsky (ici ce ne sont pas des fougères qui sortent du ventre de la Femme mais un petit zoiseau !), allez l’impact d’une balle dans l’eau dans le soldat Ryan c’était fun, je pique… on nappe le tout d’un esprit à la Tarantino, et on lorgne du côté de « Mange avec les loups »… Ces remarques sont un peu réductrices je l’accorde, mais er mon temps à réfléchir à autre chose que ce qui est proposé, à force, c’est pénible.
Réflexion faite, il ne se e pas grand-chose non plus au niveau du scénario. Heureusement Iñárritu sait l’habiller (pour l’hiver du reste !). Car il faut lui reconnaître quand même qu’il est doué et certains de ses plans sont faramineux, on e sur ceux en séquence dont il s’est fait le chantre, je pense plutôt à ceux venant servir quelques scènes plutôt bien amenées (les combats entre autre, la mise en lumière du personnage de Fitzgerald, certains gros plans…). Un enthousiasme freiné quand même par quelques moments ridicules ou too much, le parcours déifié de Glass notamment.
Car pour une performance, c’est une performance ! Hugh Glass, pourrait se voir comparer à un chat (sauvage quand même), tant le nombre de vies dont il bénéficie est incroyable. Il semble immunisé contre l’hypothermie sévère, la septicémie, la malnutrition (dentition émail diamanté affiché)… mais en plus de cela il est sans doute l’homme le plus chanceux de tous les « survivals », à commencer par l’incongruité majeure du scénario, pourquoi est-il laissé pour mort (je n’en dis pas plus pour ne pas spoilier) ? Toujours est-il que l’on souffre pour lui, tout autant que pour Di Caprio (très bien au demeurant, mais bon sa prestation n’est pas inoubliable). Bref, sans être trop regardant, ni trop fatigué, on suit bon en mal an ses péripéties sans grand enthousiasme, sans irritation non plus.