Le cinéma contemporain s'intéresse de plus en plus à ce qu'il se e dans les cuisines des restaurants, vues comme un microcosme de la société tout entière où, le temps de l'heure de pointe, se concentre un stress palpable, au sein d'une hiérarchie prédéfinie, source de conflits en tous genres. Avec The Grill, censé se dérouler à New York, le réalisateur mexicain Alonso Ruizpalacios filme sa cuisine comme le pont du Titanic, submergé par les flots et proche de couler. Dans ce film choral, tourné dans un noir et blanc volontairement peu attrayant, où la nourriture n'est nullement valorisée, plusieurs nationalités cohabitent dans une animosité permanente, alimentant la vision du cinéaste sur ces travailleurs "illégaux" s'échinant pour donner à manger aux clients, tout en lorgnant l'inaccessible rêve américain. Le chaos ambiant fait office de symbole mais si le fond fait sens, la forme semble bien poseuse, manquant de simplicité, au fil d'un récit haché qui dée largement la durée adéquate pour pouvoir garder son efficacité et son côté cinglant. Le film s'étire en longueurs inutiles, c'est bon, on a compris l'idée, et raconte un naufrage en versant sans cesse de l'huile sur le feu, ignorant sans doute que l'excès ne rend jamais service à la clarté du sujet traité. The Grill a un peu la lourdeur des repas prolongés, bien trop copieux, qui restent sur l'estomac.