Bon d'accord, c'est mauvais. Mais rappelons tout de même que "Les Cendres du temps" en 94 était aussi chiant pour beaucoup de monde alors qu'il était aussi martial et romantique et que même en 90, "Nos années sauvages" en a découragé plus d'un, ce qui parlera surement à Scritch. Donc, si WKW est devenu chiant et vain dans son traitement visuel, ça d'accord, oui pas mal, sur le fond c'est toujours un peu du WKW. Il s'agit aussi d'entrer ou non dedans comme d'habitude avec le réalisateur.
Zhang Ziyi et Tony Leung, froids comme la pierre mais pas mauvais pour autant, offrent quelques beaux moments malheureusement noyés sous la confiture. Le précepte connais toi, connais le monde, connais les autres n'est pas inintéressant au regard de leur parcours qui présente pour changer une femme vengeresse et un homme pondéré qui ne manquent pas de sensualité et de connivences.
Et je dois dire que même si on a beaucoup l'impression d'être dans Hero 2, ces bonnes vieilles rencontres entre maîtres sont approchées de manière toute personnelle au réalisateur en appuyant de nombreuses notions propres à la voie martiale, au kung-fu et au wing chun en particulier. Parallèlement à nos deux amoureux platoniques et leur voie épiscopale, il s'agit de l'émergence du wing-chun comme synthèse d'innombrables écoles en une forme épurée, simple et déant les styles qu'il soit du Sud ou du Nord.
Donc oui, tout de même, pour un amateur de kung-fu, ça peut er, pas parce que ça fait Matrix malheureusement ça non, mais parce que chaque mouvement est détaillé à l'extrême que ce soit pendant un combat ou non, et laisse entrevoir les failles et les regards des Maîtres dans toute leur logique martiale.
Donc tout à fait personnellement, oui j'ai trouvé ça mauvais mais moins pire que prévu. Les combats sans enjeu sont sans originalité et outrageusement ralentis et esthétisés ce qui détruit pas mal de la prestance des maîtres qui flottent beaucoup trop maladroitement (et Tony Leung est un grand acteur mais c'est pas vraiment une référence martiale aussi, c'est même plus du niveau d'un Keanu Reeves qu'autre chose). Je pense donc que hormis les quelques projections sympas mais insuffisantes, c'est véritablement le combat au départ du train qui m'a bien remis sur les rails. Parce que Zhang Ziyi elle, sait se battre (/danser), et son adversaire aussi. Les mouvements ne sont plus tous inutiles mais tout de suite plus pertinents.
C'est pourquoi, malgré que ce soit clairement boursouflé, poseur à l'extrême, bassement romancé, interminable et en prime du Yuen Woo Ping très facile, WKW est parvenu en parlant du wing-chun à moins m'ennuyer que dans 2046 où c'était la pose pour l'amour contrarié pour changer. La pose pour l'esprit martial contrarié en prime, je peux comprendre que ça puisse toucher, en particulier l'amoureux de kung-fu. D'autant que les acteurs sont tout de même dedans. Et puis j'ai pas parlé du contexte historique...
Mais bon... C'est quand même super boursouflé et on est loin des premiers films plus difficiles du réalisateur ou c'était parfois creux mais ça restait beau, sans parler de ses chefs d’œuvre. Maintenant, c'est très creux avec quelques beaux moments et en plus ce n'est même plus vraiment beau, c'est juste plastique.